Les premiers travaux effectués sur le récit dans une perspective psychologique remontent à ceux de Bartlett (1932) qui critique les méthodes de ses contemporains (Ebinghauss, 1885) travaillant sur la base de matériels dépourvus de sens. Aussi, aux rappels immédiats ou différés de suites de syllabes sans signification aucune, Bartlett (1932) préfère-t-il les rappels immédiats ou différés de récits. Si le contrôle des variables qu'il manipule est discutable, on lui doit la notion de "schéma" très en vogue depuis les années 70. Pour l'auteur, le schéma correspond à "une organisation active de réactions passées, ou d'expériences passées, qui doivent toujours être supposées intervenir dans une quelconque réponse organique bien adaptée" (Bartlett, 1932 : 201). Autrement dit, l'auteur insiste sur le fait que la notion de schéma est en étroite corrélation avec le vécu du sujet comprenant/mémorisant/restituant : en rapport avec les expériences passées du sujet soumis à la tâche de restitution, "‘les informations fournies par le texte initial subiraient un "filtrage" à l'entrée, puis feraient l'objet d'une réorganisation globale en fonction des connaissances déjà disponibles et d'une recherche de cohérence’" (Fayol, 1985 : 39).
Cependant, on peut, dès lors, se demander comment sont sélectionnées les informations d'entrée. Se posant cette question, Bartlett (1932) constate que les nombreux éléments constitutifs du récit expérimenté n'ont pas tous la même saillance. Cette remarque rappelle la hiérarchisation établie par Barthes (1966). En se demandant si tout, dans un récit, est fonctionnel, c'est-à-dire pertinent pour l'avancement de l'histoire, Barthes (1966 : 8) envisage une différenciation entre les termes de "fonction" et d'"indice". Au niveau des fonctions, il pose que les unités "n'ont pas toutes la même importance" et distingue alors les fonctions charnières, qu'il appelle "noyaux" ou "fonctions cardinales" des fonctions plus secondaires, qu'il désigne sous le terme de "fonctions catalyses". Si les premières constituent les propositions narratives de base, les secondes viennent compléter les premières. Cependant, aux côtés de ces deux catégories d'événements plus ou moins essentiels à l'avancement du récit, gravitent des indices.
Au niveau des indices la distinction est double également : Barthes (1966) différencie les indices des informants. Les indices "impliquent une activité de déchiffrement" (Barthes, 1966 : 11), c'est-à-dire que le lecteur doit, pour les détecter, être capable de lire un caractère ou une atmosphère tandis que les informants confèrent un lieu et un temps à l'intrigue. Si les fonctions cardinales correspondent aux noyaux, les fonctions catalyses sont considérées comme des extensions principales et les indices et informants comme des expansions secondaires, c'est-à-dire non essentielles au bon déroulement de la trame narrative. Adam (1984) résume ces différentes unités par la mise en place d'un schéma qui exprime clairement la hiérarchie qui les sous-tendent :
Adam (1984 : 46) rajoute que "‘lors d'un résumé, la suppression d'un noyau altère la cohérence de l'histoire racontée tandis que l'oubli d'un indice altère directement la reconstruction de l'orientation appréciative, des évaluations à la base du sens du récit’".
Sur la base de cette notion de hiérarchisation des différentes propositions d'un texte narratif, de nombreuses études (Johnson, 1970 ; Brown et Smiley, 1977 ; Meyer, 1977 ; Adam, 1984) ont montré qu'il existe une corrélation entre l'importance informationnelle d'une information et ses probabilités de compréhension/mémorisation/restitution. Cependant, Bartlett (1932), lui, considère que l'introduction d'une certaine hiérarchie entre les différents éléments dépend essentiellement de la connaissance préalable du sujet, de son expérience antérieure des trames narratives.
C'est au vu de résultats très similaires chez les différents sujets que Bartlett (1932) dégage une organisation générale inhérente au récit et commune à tous les individus qu'il appelle "schéma".
Autrement dit, Bartlett (1932), en dépit de situations expérimentales qui manquent de contrôle, a tracé des chemins de recherche non négligeables surtout en ce qui concerne, d'une part, l'existence d'un schéma narratif et, d'autre part, le rapport entre "expérience vécue par rapport aux trames narratives" et "sélection des éléments à restituer".