2.2.2. Les interférences rétroactive et proactive

Dans le cas de l'apprentissage d'un matériel, les effets de transfert⁶ sont unilatéraux (apprentissage d'un matériel A → apprentissage d'un matériel B), car il est impossible que l'apprentissage d'un matériel B influence l'apprentissage d'un matériel A qui est, au moment de l'apprentissage du matériel B, terminé. En revanche, l'apprentissage d'un matériel B peut interagir sur la "mémoire" de l'apprentissage d'un matériel A comme l'apprentissage d'un matériel A peut agir sur la "mémoire" de l'apprentissage d'un matériel B. Ces interactions se mesurent en situation de rappel des différents matériels appris. Deux expérimentations classiques rendent compte des effets de ces interactions (tableaux 1 et 2) :

Si les résultats de cette expérience montrent que le rappel du matériel A est plus faible chez le groupe expérimental que chez le groupe contrôle, on dit qu'il y a interférence et, dans ce cas précis, le phénomène est appelé "interférence rétroactive". "Rétroactive" car elle est due à l'action d'une tâche ultérieure sur la mémoire de la première tâche. ‘"L'interférence rétroactive est la première source d'oubli découverte’" (Lieury, 1975) et c'est la source d'oubli la plus fréquente, la plus habituelle : l'oubli d'un nom, d'un numéro de téléphone, d'un film, etc., est provoqué par les nombreuses acquisitions ultérieures d'autres noms, d'autres numéros de téléphone, d'autres films, etc.

Dans le cadre de cette seconde expérience, si l'on constate que le rappel de B est plus faible chez le groupe expérimental, on parle alors d'"interférence proactive".

L'oubli serait donc fonction de tâches ultérieures (interférence rétroactive), il est également fonction de tâches antérieures (interférence proactive).

Cependant, les auteurs constatent également que la courbe de rappel "a la forme d'un U dont la branche droite est raccourcie" (Lieury, 1975 : 42), asymétrie que les phénomènes d'interférence n'expliquent pas.