2.2.3. La mobilisation de différents registres mnémoniques

Aussi, Murdock (1962), qui cherche une explication à cet avantage des premiers mots sur les derniers, pose-t-il que la forme de la courbe reflète la mobilisation de registres mnémoniques différents. Les derniers mots traités sont encore présents en mémoire à court terme et donc plus vulnérables que les premiers mots qui ont eu l'opportunité de passer dans un autre registre, c'est-à-dire en mémoire à long terme.

Pour parvenir à cette conclusion, Murdock (1962) introduit dans une situation classique de rappel immédiat de liste de mots, une activité dont il sait qu'elle perturbe la récupération immédiate de l'information : entre la tâche d'apprentissage et celle de rappel des mots, l'auteur demande aux sujets de compter à rebours pendant un bref instant. Il observe alors que le rappel des premiers mots de la liste n'est pas perturbé par l'activité interférente, tandis que le rappel des derniers mots de la liste s'en trouve significativement amoindri.

Cependant, si ces différentes explorations psychologiques ont contribué à une meilleure compréhension des mécanismes cognitifs mis en jeu lors de tâches de compréhension/mémorisation/restitution, elles comportent quelques imperfections, à savoir celle d'un désintérêt, d'une part, pour l'encodage verbal, c'est-à-dire les outils linguistiques à proprement parlé, lacune comblée par les courants fonctionnalistes dont nous avons résumé les travaux en début de partie, et, d'autre part, pour l'aspect production.