Coirier et al. (1996) ont réalisé une excellente synthèse qui récapitule les quatre activités strictement nécessaires à l'acte de production.
La première étape consiste en la planification des contenus qui se déroule en deux phases distinctes et successives. La première a trait à l’activation en mémoire des informations à communiquer et la seconde correspond à l'organisation de ces contenus.
Premièrement, le sujet récupère donc en mémoire à long terme ou dans l’environnement immédiat des connaissances associées au thème du discours. Coirier et al. (1996) soulignent que c’est lors de cette toute première activité cognitive que sont prises en compte les représentations relatives aux aspects contextuels et aux structures textuelles. Précisons qu'à ce niveau du traitement, l'information, qui n'a pas encore de forme linguistique, n'est, en outre, que partiellement linéarisée.
Deuxièmement, les contenus activés sont donc organisés en fonction de plans discursifs plus ou moins contraints (i.e. narration vs description, par exemple). Cette étape de réorganisation du contenu est primordiale car "‘tout discours renvoie à un référent qui fait l’objet d’une représentation mentale chez l’émetteur ; cette représentation est toujours multidimensionnelle. Au contraire, l’émission du langage est strictement linéaire, et dépendante du temps : à un moment donné, une seule information peut être émise, il est donc nécessaire de linéariser l’information, qui n’est qu’exceptionnellement linéaire dans le modèle mental’" (Fayol, 1997 : 146). Pour Hayes et Flower (1980), cette organisation repose sur des connaissances relatives à la façon d'organiser les buts et les sous-buts. Pour parvenir à cette organisation, deux stratégies sont disponibles (Bereiter et Scardamalia, 1988). La première correspond à la stratégie d’énonciation des connaissances ("knowledge telling strategy") et consiste en la formulation des informations au fur et à mesure de leur récupération en mémoire. Fayol (1997) souligne que cette stratégie peut aboutir à des produits cohérents et bien organisés. Il ajoute toutefois une condition à ce résultat construit mais il faut alors que la structure des séquences de concepts soit congruente avec la structure des suites de propositions. Cette condition est en grande partie satisfaite pour le type de texte qui nous intéresse ici puisque dans le cas de la narration, la linéarisation et l’énonciation des contenus peut se contenter de simuler la succession des faits dans la situation référentielle. cependant, nous comprenons bien que sortie de se cadre narratif, cette démarche est évidemment réservée aux sujets novices, les plus expérimentés optant pour la seconde stratégie. Cette dernière correspond à la stratégie de transformation des connaissances ("knowledge transforming strategy") et, au contraire de la précédente, il s'agit ici de réélaborer le contenu du discours en fonction de l’organisation du contenu et des considérations liées aux buts et aux destinataires.
Au sujet de ces activités de planification et d'organisation, Kellogg (1990) souligne combien elles influencent sur la forme du produit fini. Une de ses expériences consiste, en effet, en une observation de la qualité de textes précédés ou non d'une rédaction de plan préalable à la phase de production. La validité de cette première étape apparaît alors comme indiscutable tant la différence entre les textes est évidente : les productions précédées d'une phase de préparation sont nettement meilleures à celles qui en sont privées.