Pour les activités automatisées chez l'adulte, on peut prendre l'exemple, entre autres, du second niveau, le niveau lexico-grammatical. En effet, de nombreux auteurs (Oldfield, 1963 ; Levelt, 1989 ; Butterworth, 1992) ont montré que, d'une part, le lexique mental d'un individu se compose de plusieurs milliers d'unités, à savoir 75000 en moyenne et que, d'autre part, l'activité de sélection est très rapide puisque le rythme d'écriture serait de 20 à 30 mots par minute (contre 100 à 200 pour l'oral). Aussi, comme l'écrit parfaitement Gayraud (2000 : 74) "‘cette vitesse laisse-t-elle peu d'autre choix que celui de supposer l'automaticité au moins partielle du processus de sélection’". Rappelons que nous trouvons, en outre, dans une situation de rappel de textes et que les items ont donc été activés en phase de compréhension.
Notre choix méthodologique (i.e. opposition de textes [+/– connu] devrait également faciliter le premier niveau, celui ayant trait aux processus d'activation et d'organisation des contenus. En effet, la situation d'écriture choisie (i.e. restitution) en offrant le contenu de l'histoire permet au sujet d'économiser les ressources cognitives normalement requises par ces activités dites de haut niveau (par opposition au niveau grapho-moteur par exemple qui correspondrait à une opération de bas niveau). En effet, dans notre cas, nous fournissons, en quelque sorte, le plan préalable demandé par Kellogg (1990) et qui, nous l'avons vu, facilite la tâche de production. Précisons, par ailleurs, que le texte [+ connu], parce qu'il est déjà inscrit en mémoire à long terme, devrait d'autant plus alléger cette double contrainte que constitue la planification.
Pour maintenant citer une activité loin de relever d'un traitement automatique, on peut citer le dernier niveau, celui qui a pour objet de transformer une séquence sonore en une séquence graphique. La non-automatisation de celui-ci est toutefois en étroite relation avec l'âge des sujets (Bereiter et Scardamalia, 1983 ; De Weck, 1991 ; Bourdin, 1994). Il paraît, en effet, évident que l'activité d'écriture, de graphisme requiert un nombre de ressources bien plus important chez des enfants de 6 ans qui viennent tout juste de pénétrer le monde de l'écrit que chez des adultes depuis longtemps familiarisés avec le phénomène, et ce, quelle que soit le degré de familiarisation du support à restituer. La preuve en est certains choix méthodologiques de De Weck (1991) : l'auteur demande à des enfants et des adolescents âgés de 5;7 à 15 de raconter des histoires à l'oral et à l'écrit et si l'ensemble de sujets est soumis à la modalité orale, seuls les enfants à partir de 9;3 sont conviés à la modalité écrite. De Weck explique qu'il faut, en effet, attendre cet âge pour pouvoir constater "une relative autonomie dans le maniement du code graphique" (De Weck, 1991 : 115).
Cet effet de l'âge sur le degré d'automatisation de l'activité grapho-motrice permet la transition avec l'aspect développemental que nous nous devons de prendre en compte dans le cadre de ce travail qui traite des capacités de restitution d'enfants de 6 à 11 ans.