Si, depuis le milieu des années 70, un nombre considérable de protocoles expérimentaux ont été élaborés par différents auteurs (Rumelhart, 1975 ; Kintsch et al., 1977 ; Lindsay et Norman, 1977 ; Mandler et Johnson, 1977 ; Thordyke, 1977 ; Stein et Nezworski, 1978 ; Mandler et Goodman, 1982) afin de tester la validité psychologique des modélisations précédentes, Piaget commence, dès les années 20, à essayer de tracer le développement de l'enfant comprenant/mémorisant/restituant. Que les sujets aient à restituer un conte (Piaget, 1923) ou à ordonner une série d'images de manière à construire un récit (Krafft et Piaget, 1924), l'auteur note qu'il faut attendre l'âge de 8 ans avant de constater une mise en séquence chronologique, une prise en compte de la notion de tout et une convergence vers une action unique.
Bien plus tard et toujours sur la base de différents supports tels que des films fixes (Mialaret et Malandain, 1962), des films animés (Jacob, 1969), des contes (Meresse-Polaert, 1969 ; Mukerji, 1975) ou encore des dramatiques télévisés (Collins et Gentner, 1980), d'autres études confirment cet âge charnière de 8 ans. Avant 8 ans, d'une part, l'enfant ne reprend que les faits les plus saillants et les plus forts émotionnellement et/ou perceptuellement en faisant complètement abstraction des autres et, d'autre part, ne parvient pas à comprendre la diversité des points de vue — ce qui est confirmé par les conclusions de Berman et Slobin (1994) au sujet de la perspective. À 8 ans apparaît la possibilité de suivre le déroulement d'une histoire si celle-ci est simple. Après 8 ans se développe la capacité à assimiler les éléments moins directement reliés au thème du propos, c'est-à-dire qu'il y a prise en considération des données plus partielles. Tardy (1966) montre que c'est seulement à l'âge de 12 ans que les sujets produisent des textes semblables à ceux des adultes.
En s'entendant sur l'âge d'acquisition des activités de compréhension, ces différentes études paraissent plutôt fiables. Or, elles ont été très critiquées sur le plan méthodologique du fait de la manipulation d'un trop grand nombre de variables non contrôlées. Aussi, à partir de 1975, semblerait-il que les nouvelles expérimentations aient remédié à ce problème d'attribution des différences observées, ce qui rend les résultats beaucoup plus sûrs.