En semaine 1, nous avons choisi de faire restituer aux sujets une histoire qui leur est familière depuis l'enfance : il s'agit du conte du Petit Chaperon Rouge (désormais PCR). Cependant, il est important de préciser que ce récit a donné lieu à différentes versions et que nous avons choisi l'histoire des frères Grimm. Le choix du PCR s'explique de diverses manières : premièrement, un grand nombre d'études a montré que le schéma narratif prototypique correspondait au type "conte" qui répond, en effet, parfaitement aux exigences du récit. Celui du PCR est loin de faire exception à la règle. En effet, il rassemble un personnage principal (le PCR) et des personnages secondaires (la maman, la grand-mère, le loup et le chasseur) autour d'un objectif déterminé dès le début de l'histoire (la visite du PCR à sa grand-mère malade) et dont la réalisation donne lieu à une succession d'événements, (le loup met en place un stratagème, se rend chez la grand-mère, la mange, le PCR arrive, se fait dévorer également...). Deuxièmement, nous étions intéressée par le fait que ce conte soit préalablement connu des sujets. Ce trait [+ connu] peut être attesté aujourd'hui car des études antérieures (Ferreiro et al., 1996 ; De Gaulmyn et al., 1996) ont montré que les enfants parvenaient à réécrire le PCR avec pour simple consigne "‘Réécrivez l'histoire du Petit Chaperon Rouge d'après vos seuls souvenirs’". De plus, certains commentaires métalinguistiques viennent, ici aussi, justifier l'attribution de ce trait. En effet, à la question "Était-ce difficile d'écrire le plus important ?", la majeure partie des sujets a répondu "non" et a justifié sa réponse en faisant valoir ce trait [+ connu], comme le montrent les exemples [II.2.1], [II.2.2], [II.2.3] et [II.2.4] :
Chez les 6 ans, seulement 2 enfants sur 10 trouvent qu'il n'est pas difficile d'écrire le plus important, mais ces deux sujets ont interprété la question comme portant sur l'évaluation des activités graphiques et formulent alors des réponses du type de [II.2.5] :
Chaque sujet, qu'il fasse partie du groupe expérimental ou du groupe référence, s'est vu attribuer un code représenté par une suite de lettres majuscules et de chiffres. Cet ensemble de signes permet de noter le prénom, l'âge, le sexe, la place dans le groupe, la tâche expérimentale et le nombre de clauses.
Les trois premières lettres majuscules correspondent aux trois premières lettres du prénom du sujet. Elles sont suivies d'un espace puis d'un chiffre ou d'une lettre (selon que les sujets fassent partie du groupe expérimental ou référence) précisant la tranche d'âge du sujet : "6" pour 6 ans, "7" pour 7 ans, "8" pour 8 ans, "9" pour 9 ans et "10" pour 10 ans, ou de la lettre "A" pour les adultes. Vient ensuite une lettre majuscule précisant le sexe du sujet : "F" pour les filles et "G" pour les garçons. Suit après un chiffre étalonné de "0" à "9" et indiquant la position du sujet — par rapport à son âge — dans la tranche d'âge à laquelle il appartient : le plus jeune sujet se voit associer le chiffre "0" et le plus âgé de la tranche d'âge reçoit un "9". Une lettre majuscule indique alors s'il s'agit d'un produit effectué en phase d'écriture ou d'entretien métalinguistique : la phase d'écriture est notée "E" et la phase d'entretien métalinguistique "M". Un chiffre codifie la tâche expérimentale alors effectuée : "1" pour le PCR et "2" pour DAN. Enfin, le nombre inscrit entre parenthèses indique le nombre de clauses total du texte du sujet. Nous allons prendre un exemple concret afin de récapituler cet ensemble d'explications : le code JUS 9F0E2 (61) signifie que Justine (JUS) est âgé de 9 ans (9), qu'elle est de sexe féminin (F), qu'elle est la plus jeune des dix enfants de sa tranche d'âge (0), qu'elle vient de réécrire (E) DAN (2) avec 61 clauses ((61)).
Ces codes, tels qu'ils viennent d'être définis, introduisent chaque production écrite ou orale (lectures et entretiens métalinguistiques) des sujets.
Les conventions de transcription de l'oral (ainsi que celles de l'écrit) sont définies plus loin.