2.4. ORDRE DE PASSATION

L'ordre des tâches de restitution n'est pas arbitraire. Des études antérieures ont montré (Ferreiro et al. 1996 ; De Gaulmyn et al. 1996) que les enfants réagissent particulièrement bien au rappel du PCR. Aussi avons-nous volontairement commencé par ce support pour que les jeunes sujets ne "se bloquent" pas devant la restitution de DAN qui, du fait qu'il soit [– connu], pouvait être interprété comme [+ difficile]. Les commentaires des sujets viennent conforter cette décision car les remarques des enfants, au sujet de la difficulté d'écriture de DAN, montrent parfaitement l'aide que représente le paramètre [+ connu]. À la question "Était-ce difficile d'écrire ce que tu as écris aujourd'hui ?", un grand nombre de sujets a répondu positivement et invoquait systématiquement le caractère [– connu] du récit en faisant référence, implicitement ou explicitement, à la tâche de restitution du PCR :

[II.2.6] ALI 6F2M2
oui parce que + parce que on connaissait pas cette histoire et c'était plus dur"
[II.2.7] LAU 7F5M2
"j'ai essayé de me rappeler mais comme je le connaissais pas c'était un peu plus dur ++ puis y'avait pas les images alors c'est plus dur"
[II.2.8] BAS 8G7M2
"un peu plus qu'avant parce que celle-la on la connaissait pas du tout tandis que le petit chaperon rouge on le connaissait presque par coeur"
[II.2.9] MAR 9F4M2
"oui plus que la dernière fois parce que cette histoire je la connaissais pas donc je l'ai trouvée plus dure"
[II.2.10] THO 10G3M2
"oui parce que déjà elle est plus longue plus longue elle est moins heu + le chaperon rouge on l'avait déjà entendu alors on l'avait un petit peu dans la tête et ce dan là on l'avait pas dans la tête j'l'ai jamais écouté j'ai pas pu prendre des + m'y remettre dans la tête parce que c'est la première fois que l'ai écouté"

Le commentaire [II.2.10] nous contraint à rappeler que les deux supports auditifs entendus en phase de préparation avaient une longueur quasi équivalente en nombre de mots (i.e. PCR = 1021 mots et DAN = 1103). Autrement dit, un support [– connu] paraîtrait plus long qu'un support [+ connu]. Cette impression est tout à fait naturelle car il est vrai que la fin d'un parcours inconnu semble toujours beaucoup plus lointaine que celle d'un parcours connu : connaître préalablement une suite d'épisodes permettrait donc d'anticiper, de juger plus exactement l'aspect configurationnel du texte défini dans le premier chapitre.