Deux verbes dans la même clause
Les modaux épistémiques18 + infinitif
[II.3.7] MAU 8F4E2 (41)
34. Le renard ne veut pas le délivrer.
Les modaux de processus + infinitif
[II.3.8] THO 10G3E2 (52)
43. Le renard qui ne voulait pas le relacher
44. finit
par
céder.
Les verbes qui n'acceptent pas de clause dépendante fléchie
[II.3.9] ISA AF5E1 (107)
96. Quand le loup se réveilla,
97. il tenta de se
lever
98. mais il tomba raide mort par terre.
Un auxiliaire causatif + un verbe infinitif et des sujets non-coréférentiels
[II.3.10] OLI 9F7E2 (53)
41. et il s'uplia le renard
42. de le laisser
partir
Clauses sans verbe (i.e. ellipse ou gapping)
Il y a ici ellipse du verbe "prendre" que l'enfant a pris soin de ne pas répéter à une clause d'intervalle.
À l'issue de cette description, nous nous devons de préciser que l'un des critères établis par Gayraud et al. (à paraître) n'apparaît pas dans cette liste : il s'agit des constructions présentatives. Ces formes, que Blanche-Benveniste (1990 : 90) appelle "auxiliaires de dispositifs" correspondent à "c'est" ou "il y a" et servent à introduire des propositions. Lorsqu'ils repéraient ces emplois particuliers d'"être" et d'"avoir", ces différents auteurs ont choisi de ne pas en faire une clause comme le montre l'exemple [II.3.12] issu de leur corpus :
Ils parlent d'une forme figée qui a perdu sa valeur verbale. Nous avons opté pour la position inverse et nous aurions donc segmenté cet énoncé en 4 clauses comme suit :
Cette décision s'explique par le fait que les plus jeunes sujets ont tendance à se servir de ces mots pour introduire une proposition totalement indépendante de celle venant juste après comme c'est le cas dans [II.3.14] :
Les cas que nous allons présenter maintenant semblent propres à nos données car la littérature sur le sujet ne les mentionne pas.
Premièrement, nous nous sommes, également, demandée comment traiter les cas des répétitions de verbes et nous avons choisi de regrouper les différentes occurrences dans la même clause comme le montre l'extrait [II.3.15] :
Ici, le loup fait une seule et même action à savoir celle de courir et la répétition a, ici, une valeur aspectuelle qui marque soit l'intensité, soit la rapidité, soit la durée de la course de l'animal. Aussi un codage en une seule clause nous paraissait-il plus pertinent et en accord avec les choix précédents.
Deuxièmement, les locutions figées "allez viens" ou "allez pars" ont été considérées comme ne formant qu'une seule clause, même si le verbe "allez" est ici conjugué :
Ici, le "allée" de la clause 39 remplace le "oh" de la clause 36, ce qui donne un effet d'insistance. Nous pourrions assimiler ce mot à ce que Fernandez (1994 : 5) appelle "particule énonciative". En effet, l'auteur parle de "‘particules expressives [qui] ont pour particularité d'être homonymes d'autres mots (conjonctions, adverbes, adjectifs...), et d'être syntaxiquement facultatives’" (Fernandez, 1994 : 5). Le mot "allez" nous semble, ici, jouer ce rôle.
Un dernier cas nous a particulièrement fait hésiter, c'est celui des dialogues. À leur sujet, deux points ont été problématiques. Le premier est que certains sujets faisaient répondre une phrase sans verbe à l'un de leur personnage sans pour autant dire explicitement qui prononçait le propos :
Le "oui" est, évidemment, émis par DAN mais le sujet ne le spécifie pas. Nous avons alors décidé que cette affirmation constituerait une clause à elle toute seule car le verbe "dire" et le sujet de l'action de parole ("dit DAN") sont très largement sous-entendus. Le second problème, pratiquement similaire au précédent, rassemble les cas où le sujet mentionne seulement le personnage responsable du propos sans l'accompagner d'un verbe de parole :
Ici, alors qu'aucun verbe de parole n'a été écrit par l'enfant, on attribue, sans difficulté, les mots énoncés au renard et nous avons donc décidé de reconstruire l'implicite et de faire une clause du segment "le renard :".
Ces quelques critères, tels qu'ils viennent d'être définis, sont certainement discutables. Cependant, nous avons appliqué ces choix de manière rigoureusement uniforme sur l'ensemble des 120 textes écrits et nous pensons, qu'après la pertinence des critères de découpages choisis, l'important est l'adoption d'une attitude cohérente sur l'ensemble du corpus écrit.
Les termes de "modaux épistémiques" et "modaux de processus" sont empruntés à Blanche-Benveniste (1990).