Nous émettons les trois hypothèses suivantes au sujet de ces effets sériels : d'une part, nous pensons que les effets de primauté et de récence seront moins saillants en situation de rappel du PCR qu'en situation de restitution de DAN. Cette intuition se base sur les deux explications évoquées au sujet des effets sériels (cf. chapitre 1). Nous avons, premièrement, expliqué que le système de boucles (i.e. A est stimulus de B qui est, à la fois, réponse de A et stimulus de C qui est, à la fois...) sur lequel repose la théorie associationniste conduit à une saturation : nous pensons que cette saturation sera plus rapidement atteinte en situation de restitution [– connu] car les sujets, découvrant le contenu de l'histoire, ne peuvent anticiper l'importance de telles ou telles associations et prêtent donc attention à chacune d'entre elles.
Deuxièmement, nous avons traité de la mobilisation de différents registres mnémoniques (i.e. mémoire à long terme vs mémoire à court terme). D'après cette théorie, le début, le milieu et la fin de l'histoire du PCR devraient être aussi bien restitués car du fait que l'ensemble des sujets connaissent déjà le contenu du conte, celui-ci est ancré en mémoire à long terme et donc facilement activable. Au contraire, l'histoire de DAN, caractérisée par le trait [– connu], devrait faire ressortir les effets de primauté et de récence.
D'autre part, et dans une visée acquisitionnelle, nous pensons que ces effets sériels seront plus saillants chez les jeunes sujets que chez les plus âgés qui devraient, eux, parvenir à gérer, en situation de compréhension et de rappel, l'ensemble des moments du texte, et ce, toujours par souci de cohérence.
Enfin, les différences notées entre la saillance des effets sériels observée dans les restitutions du PCR et de DAN devraient s'amenuiser avec l'âge c'est-à-dire que les schémas de rappels des adultes, par exemple, ne devraient pas être si différents d'un texte à l'autre.