Chapitre 7 : LES RELATIONS DE CAUSE/CONSÉQUENCE AJOUTÉES

INTRODUCTION

Après s'être préoccupée des RCC restituées, nous allons observer les RCC ajoutées par les différents sujets. Il est important de noter que, pour ce chapitre, nous ne faisons plus du tout cas des procédés de juxtaposition et de coordination par "et" en raison des points évoqués dans l'introduction du précédent chapitre. En effet, il serait totalement subjectif de décider si deux propositions juxtaposées ou reliées par la conjonction de coordination "et" sont en RCC. Les deux exemples [IV.7.1] et [IV.7.2] illustrent cet aspect :

[IV.7.1] THO 9G6E1 (55)
44. Le loups ronflas si fort
45. que le chasseur l’entandi
46. il ala voir dans la maison
47. il vit le <loupe> loup
48. pris son fusil
49. le reposis <ma>
50. en pensant
51. que il a manger la <grande> grand mere
52. 2 3 coup de siseau le <chaperon> chaperonp rouge sorti
53. 2 3 coup de siseau la grand mère sortie
54. il mi un <piere> pierre dans sont ventre
[IV.7.2] ARI 6F9E1 (25)
19. et le loup alla par le chemain le plus <cl> cour
20. et le petit chaperon <o> rouge par le plus lont
21. et le loup ariva le pomier
22. et manga le vièlle fame <appl>
23. apprai il manga le petit chaperon roug
24. et le chaseur passai par la
25. et coupa le ventr du loup
26. et les les deux fame sont sover
27. et il mete des piere a la place.

Dans l'exemple [IV.7.1], on pourrait, certes, poser les clauses 47 et 48 en RCC (c'est parce que le chasseur voit le loup qu'il prend son fusil), de même que dans l'exemple [IV.7.2], le "et" reliant les clauses 20 et 21 pourrait exprimer une RCC. (c'est parce que le loup prend le chemin le plus court et le PCR le plus long que l'animal arrive en premier) mais ces interprétations relèvent d'inférences, inférences qui sont, dans la plupart des cas, moins directes que celles-ci. Aussi ne nous semble-t-il, d'une part, pas très objectif de travailler sur des relations sémantiques inférées et, d'autre part, si l'on acceptait de le faire, jusqu'à quel degré d'inférences, déciderions-nous de reconstruire la RCC ? Cette question rappelle les travaux en pragmatique sur la pertinence (Flahaut, 1979 ; Auchlin, 1981 ; Charolles, 1988). En effet, Charolles (1996) souligne que devant une suite de phrases incohérente, on peut toujours imaginer un scénario qui la rendrait cohérente et il donne comme exemple :

‘La nappe était tachée. Susie a appelé un serveur.
La nappe était tachée. Susie a appelé un mécanicien.’

L'auteur pose que la seconde suite d'énoncés paraît, au premier abord, incohérente mais qu'il est toujours possible d'imaginer que le mécanicien utilise de vieilles nappes pour entretenir ses machines...

Pour ces quelques raisons, l'analyse à venir s'en tient à l'observation des RCC exprimées au moyen d'une marque explicite et différente de "et" (i.e. conjonction de coordination autre que "et", adverbes conjonctifs, subordination fléchie et non fléchie).

Comme il en a été des chapitres précédents, l'étude est d'abord globale, c'est-à-dire que les RCC sont envisagées tous moyens de connexion confondus puis plus fine, par moyen de connexion. Les premières analyses sont purement quantitatives mais elles sont ultérieurement illustrées par des observations de formes qui permettent quelques remarques tout à fait intéressantes.