1.2.1. Le texte

Comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent, une variation interindividuelle importante nous mène, entre autre, à un écart non significatif entre les RCC ajoutées dans le PCR et celle ajoutées dans DAN. Quoi qu'il en soit, même si les groupes avaient été plus homogènes, l'hypothèse testée ici aurait été infirmée car, comme le montre le graphe 14, c'est dans le texte [– connu] que sont introduites le plus de marques de connexion exprimant une RCC.

Nous pouvons alors émettre l'hypothèse que l'insertion de marqueurs causaux explicites aiderait à l'écriture d'un texte. En effet, rappelons que tout récit repose principalement sur des RCC (Mackie, 1974 ; Rumelhart, 1975 ; Shank et Abelson, 1977 ; Stein et Glenn, 1979 ; Warren et al., 1979 ; Black et Bower, 1980 ; Trabasso et al., 1983 ; Fayol, 2000), c'est-à-dire que chaque événement contribue, participe un tant soit peu à la mise en place des événements suivants. Dans notre situation, il se trouve qu'un nombre important de ces RCC n'est pas explicitement marqué, étant donné que c'est le cas de seulement 4 par histoire-support (cf. chapitre 6). Aussi pouvons-nous imaginer que représenter explicitement ces liens aiderait les sujets à se rappeler ce qui vient à la suite de ce qu'ils sont en train d'écrire. Cette activité cognitive, que Bereiter et Scardamalia (1988). appellent "knowledge telling strategy" (i.e. formulation des informations au fur et à mesure de leur récupération en mémoire), qui consiste à se dire "quel événement arrive ensuite ?" est évidemment moins coûteuse en situation de restitution du PCR qu'en situation de rappel de DAN, le conte étant déjà inscrit en mémoire à long terme. Cette hypothèse trouve confirmation lorsque l'on observe, comme nous le ferons ultérieurement, les formes utilisées pour exprimer ces RCC.