Le croisement des deux variables "texte" et "âge" est non significatif et cela s'explique par le fait que, pour chacune des tranches d'âge, les différences sont non significatives. En dépit de ces considérations statistiques, le graphe présente clairement deux profils : les 6 et les 7 ans forment un groupe à part en se comportant à l'inverse des 8, des 9, des 10 ans et des adultes qui, eux, constituent le deuxième groupe.
En effet, les 6 et les 7 ans ajoutent plus de marqueurs de RCC dans le PCR que dans DAN tandis qu'à partir de 8 ans et jusqu'à l'âge adulte, les sujets ajoutent plus de RCC dans DAN que dans le PCR. Cette remarque renforce, nous semble-t-il, l'hypothèse formulée précédemment au sujet du fait que l'insertion de marques causales aiderait à la production du récit. En effet, les restitutions de DAN effectuées par les enfants âgés de 6 et 7 ans sont relativement courtes par rapport à celles qui sont faites sur la base du PCR (73 mots en moyenne dans DAN et 152 mots en moyenne dans le PCR contre 185 dans DAN et 259 dans le PCR chez les enfants de 8 ans), elles ne retracent que l'essentiel de l'histoire initiale. Aussi nous semble-t-il évident que l'on ne pouvait s'attendre à trouver beaucoup de RCC. Certes, un récit se construit sur une chaîne causale mais ce lien ne peut s'établir qu'entre événements proches. Si l'on prend, par exemple, les 16 SCN de DAN qui représentent finalement le squelette de l'histoire, c'est-à-dire le strict minimum nécessaire à la compréhension du récit, peu d'entre elles peuvent être mises en relation à l'aide d'une forme explicite. Pour être plus précis, on peut prendre l'exemple des SNC II et III qui correspondent, respectivement, à "DAN rencontre un lapin" et "DAN n'arrive pas à tuer le lapin", il est évident que l'on ne peut relier ces deux SCN par un mot de liaison causal quel qu'il soit (*DAN rencontre un lapin si bien qu'il n'arrive pas à tuer le lapin/*DAN rencontre un lapin donc il n'arrive pas à tuer le lapin/*DAN n'arrive pas à tuer le lapin car il le rencontre). Certes, la SCN III ne peut avoir lieu sans que la SCN II soit préalablement réalisée mais les deux SCN ne sont pas en lien direct de cause à effet.
Cela rappelle, évidemment, la distinction opérée entre la notion de terrain causal et la présence effective de marques causales explicites, et on comprend alors que les enfants qui ne restituent que les grandes lignes de l'histoire ne peuvent recourir aux formes que nous analysons ici. En revanche, dans le cas du PCR, ces mêmes enfants de 6 et 7 ans écrivent plus et ont donc l'occasion de poser des clauses en RCC. Il semblerait même que cela les aide à reconstruire l'histoire demandée.
Aussi et pour conclure, les RCC joueraient-elles dans le PCR chez les petits le rôle qu'elles assument dans DAN chez les sujets plus âgés, à savoir faciliter l'enchaînement propositionnel.