Premièrement, nous prédisons que l'histoire [+ connu] favorisera la reprise des mots présents dans le support car les sujets, connaissant déjà la trame narrative qu'on leur propose, peuvent tenir compte du niveau local, à savoir celui de la phrase et de ses constituants.
Au sujet du comportement des différentes tranches d'âge, nous pensons que la reprise des mots du support initial se développera progressivement de 6 ans à l'âge adulte, et ce, en raison d'une attention de plus en plus importante du niveau du mot, les opérations de haut niveau étant de plus en plus automatisées avec l'âge.
Nous postulons également que cette restitution littérale sera en étroite corrélation avec l'acquisition de la structure narrative en SCN. Autrement dit, tant que les sujets rencontrent des difficultés à restituer les 16 SCN composant chacune des histoires, ils produisent un effort de compréhension globale leur interdisant d'observer le niveau plus local. Rappelons donc les résultats obtenus dans le chapitre 5. Nous avons montré que si les 6 ans restituaient aussi mal les SCN du PCR que celles de DAN, les 9, les 10 ans et les adultes les rappelaient aussi bien dans une situation d'écriture que dans l'autre. En ce qui concerne les 7 et les 8 ans, le trait [+ connu] aidait les sujets qui restituaient significativement mieux les SCN du PCR que celles de DAN. Aussi émettons-nous l'hypothèse que les différences entre le nombre de vocables repris dans le PCR et dans DAN seront significatives chez les 7 et les 8 ans et non significatives chez les 6, les 9, les 10 ans et les adultes.
Ce postulat repose sur le degré d'attention alloué aux différents niveaux textuels lors des phases d'écoute : nous imaginons que les 6 ans se concentrent tellement sur le niveau global, sur "ce qui doit venir après", qu'ils en négligent, tant dans le PCR que dans DAN, le niveau plus local, c'est-à-dire celui des mots.
Quant aux 9, aux 10 ans et aux adultes, étant donnés les nombres importants de SCN restituées dans le PCR et dans DAN, nous pensons que le traitement du niveau global représente un coût cognitif relativement faible. L'espace cognitif ainsi libéré peut alors être réinvesti à un niveau inférieur, un niveau plus local, celui du mot. Cette observation des constituants de la phrase devrait entraîner des taux de reprise littérale aussi importants dans le PCR que dans DAN.
En revanche, les 7 et les 8 ans devraient afficher des différences significatives entre le rappel des mots d'un support [+ connu] et celui d'un support [– connu], comme il en a été de la restitution des SCN. En effet, pour ces deux tranches d'âge, le traitement du niveau global semble poser problème dans le cas de DAN exclusivement. Aussi pensons-nous que les sujets âgés de 7 et de 8 ans parviendront à se concentrer sur le niveau plus local en situation de restitution du PCR seulement, ce qui engendrera de nouveau des différences significatives.