Cette nouvelle section va nous permettre de répondre à la dernière hypothèse concernant l'ensemble des vocables restitués, à savoir celle posant que chez les 6, les 9, les 10 ans et les adultes, la différence entre les proportions de vocables lexicaux restitués dans les deux situations de rappel serait non significative alors qu'elle le serait pour les 7 et les 8 ans. Rappelons que nous postulions que les 6 ans donneraient lieu à un résultat non significatif car ils ne parviendraient pas, tant dans le PCR que dans DAN, à concentrer leur attention, et sur le niveau global, et sur le niveau local lors de l'écoute. Quant aux 9, aux 10 ans et aux adultes, une facilité de gestion du niveau global, tant dans le PCR que dans DAN, libèrerait de l'espace cognitif alors réinvesti au niveau local c'est-à-dire celui du mot. Chez les 7 et les 8 ans, nous devrions retrouver les différences significatives observées lors de l'analyse du nombre de SCN restituées. En effet, le faible rappel des SCN de DAN nous mène à penser que ces enfants n'ont, lors de la phase d'écoute, pas pu considérer les éléments de plus bas niveau.
L'hypothèse vérifiée ici est confirmée en partie seulement (i.e. pour les 8 ans seulement). En effet, la différence entre le pourcentage de vocables repris pour l'écriture du PCR et pour celle de DAN est bien non significative chez les 6, les 9, les 10 ans et les adultes mais elle l'est également chez les 7 ans. Cependant, ce résultat s'explique simplement : du fait que les sujets de cet âge (i.e. 7 ans) aient restitué un grand nombre de SCN, nous avons sous-estimé l'importance des ressources cognitives mobilisées pour ce travail. Or, il semblerait que celles-ci soient considérables, étant donné que les résultas obtenus ici sont semblables à ceux des 6 ans. Autrement dit, nous pensons que, lors de la phase d'écoute des supports auditifs, les plus jeunes sujets (i.e. 6 et 7 ans) sont pareillement attentifs à la trame narrative globale, ne pouvant alors pas se concentrer sur le niveau plus local également fournis par les supports entendus.
Au sujet de la reprise du stock lexical proposé, il faut donc attendre l'âge de 8 ans pour que le texte [+ connu] constitue une réelle aide, dans le sens où il facilite la gestion des différents niveaux textuels, aspect auquel une histoire [– connu] ne contribue pas. Puis après cet âge, la faible attention portée au niveau global autorise les sujets à observer le niveau local indépendamment du degré de connaissance préalable (Karmiloff-Smith, 1993).