2.2.1. L'exemple de "s'affaler" dans le PCR

Dans le PCR, le verbe pronominal "s'affaler" explicite la chute du loup et apparaît donc dans le contexte suivant :

[V.11.20] Texte initial (175)
163. les pierres pesaient si lourd
164. qu'il s'affala
165. et resta mort sur le coup.

Le Nouveau Petit Robert (Rey-Debove et Rey, 1996) qui explique le terme signifie "se laisser tomber". Or, ici, il nous semble évident que le loup ne se laisse pas tomber de lui même mais tombe sous le poids des pierres introduites dans son ventre : à la lecture, cette chute paraît totalement indépendante de sa volonté. Intuitivement, ce terme évoquait pour nous (et d'autres linguistes de notre laboratoire de recherche) "tomber lourdement et de tout son long", ce qui justifiait parfaitement que l'auteur ait choisi de l'employer ici. Cela dit, aucun sujet ne le restitue et nous allons voir comment ils décrivent alors cette chute de l'animal.

Excepté trois sujets qui utilisent les verbes "s'écraser" (ex. [V.11.21]), "se rétamer" (ex. [V.11.22]) et "s'effondrer" (ex. [V.11.23]), les autres, qui précisent la manière dont le loup chute, utilisent les verbes "tomber" (ex. [V.11.24]) ou "retomber" (ex. [V.11.25]) et les font suivre de l'adjectif "mort" :

[V.11.21] JUL 10F2E1 (65)
60. a son <rei> réveille il bondit sur eux
61. mais avant de <leure> leurs sauté dessus
62. il s'écrasa par terre
63. et mourrut sur le coup.
[V.11.22] STE AF3E1 (162)
160. il fut emporté par le poids des pierres,
161. s'effondra par terre
162. et mourut sur le coup.
[V.11.23] CHR AG7E1 (100)
94. si bien que lorsqu'il se réveilla
95. et voulant bondir du lit,
96. il se rétama par terre, raide mort
[V.11.24] MAT 10F0E1 (72)
71. Quand en se reveillant
72. tomba mort
[V.11.25] LAI 7F7E1 (62)
60. Le loup se reveilla
61. et voulut se lever
62. mais il retomba mort.

Cependant, il est à noter qu'un nombre très important de sujets accompagnent le verbe "tomber" de l'adjectif "raide" (ex. [V.11.26]) ou des compléments circonstanciels de lieu "par terre" (ex. [V.11.27]) et de manière "sur place" (ex. [V.11.28]) :

[V.11.26] MAT 10G1E1 (68)
63. le loup se reveilla
64. se leva
65. et tomba raide.
[V.11.27] CEC 9F5E1 (18)
16. Au moment de se levait
17. il <tan> tombe parterre,
18. il est mort.
[V.11.28] CHA AF1E1 (95)
86. À son réveil, le loup essaya de se lever
87. mais il était si lourd
88. qu'il mourut sur place.

Ces précisions apportées au sujet de la chute du loup nous semblent être une autre façon de rendre compte du verbe "s'affaler". Les sujets, ne retrouvant pas le terme exact employé par l'auteur du support auditif, tâtonnent pour faire part au mieux de la mort du loup telle qu'elle est décrite dans le texte initial. Certains sujets adultes vont jusqu'à accumuler plusieurs des stratégies présentées précédemment comme le montre l'exemple [V.11.29] :

[V.11.29] ISA AF5E1 (107)
96. Quand le loup se réveilla
97. il tenta de se lever
98. mais il tomba raide mort par terre.

Il est à préciser ici que l'accumulation de formes ne semble possible qu'à partir de l'âge de 9 ans. En effet, nous n'avons pas trouvé de cas chez les 6, les 7 et les 8 ans.