2.3.2. L'exemple de "malicieux" dans DAN

L'auteur de DAN emploie "malicieux" pour définir l'air que prend le renard en s'adressant à DAN :

[V.11.46] Texte initial (195)
50. Il regarda Dan d'un air malicieux
51. "As-tu déjà vu un renard ,
52. dit-il

Au sujet de cet adjectif qualificatif, nous allons préalablement formuler deux remarques : premièrement, il est à préciser que pour les termes analysés jusqu'à présent, si le sens qu'ils véhiculaient se retrouvait dans les restitutions, les sujets avaient respecté le lieu d'apparition du concept : si "adorable" est introduit dans la clause 1 par l'auteur du texte initial, les sujets qualifient la petite fille de "gentille" en tout début de restitution également. Deuxièmement, les mots jamais restitués sont repris par des parasynonymes renforcés par des adverbes, des conjonctions de subordination ou autre.

Si nous prenons le temps d'apporter ces précisions, c'est parce que pour l'adjectif qui nous intéresse à présent, à savoir "malicieux", le peu de sujets rappelant cette caractéristique du renard, ne le font, d'une part, pas à ce moment-là de l'histoire et, d'autre part, conservent la même racine lexicale mais font apparaître le terme sous sa forme, non pas adjectivale, mais adverbiale (ex. [V.11.47]) ou nominale (ex. [V.11.48]). Ici, c'est donc l'encodage syntaxique qui diffère. En effet, dans [V.11.47], c'est en changeant le piège de place que le lecteur apprend que le renard peut être malicieux, le concept étant rendu par l'adverbe "malicieusement" :

[V.11.47] JER AG2E2 (67)
32. Pendant que Dan allait surveiller la 1ère trappe,
33. le renard malicieusement changea le <> grand piège de place.

Dans [V.11.48], l'adjectif est nominalisé et "malicieux" devient donc "malice". Comme pour l'exemple précédent, le terme n'apparaît pas au moment où l'animal demande à DAN s'il a déjà vu un renard mais un peu plus tard alors que le héros s'inquiète de ne pas savoir ouvrir la trappe une fois qu'elle s'est refermée :

[V.11.48] CHR AG7E2 (126)
60. "Ne t'inquiète pas
61. je sais faire"
62. lança le renard avec beaucoup de malice.

Précisons toutefois qu'un des sujets adultes qualifie le renard de "malin", et ce, dans le même contexte que celui défini en [V.11.48]. Nous pensons donc que ce terme a été introduit pour véhiculer l'idée de "malicieux" même si le Nouveau Petit Robert (Rey-Debove et Rey, 1996) pose que les deux termes ne renvoient pas au même concept : "Malicieux" signifie : "tournure d'esprit d'une personne qui prend plaisir à s'amuser aux dépens d'autrui" et "malin" veut dire "qui a de la ruse et de la finesse, pour se divertir aux dépens d'autrui, se tirer d'embarras, réussir". La confusion pourrait-elle venir du fait de la similitude sonore des deux vocables ?

Cela dit, l'interprétation de "malin" demande de la prudence surtout que de nombreuses restitutions comprennent également le terme "rusé" et "rusé" étant synonyme ou parasynonyme de "malin", si l'on pose "malin" comme remplaçant "malicieux" cela voudrait dire que "rusé" puisse se substituer à "malicieux" sans créer de changement de sens. Or, ce n'est pas le cas, un "renard malicieux" n'ayant rien à voir avec un "renard rusé".