Le tableau 52 conduit à une conclusion tout à fait intéressante dans la mesure où il permet de dégager différents stades développementaux. En effet, les 6, les 7 et les 8 ans se comportent de manière quasi identique et s'opposent aux 9 et aux 10 ans qui se distinguent, à leur tour, des adultes.
Ces trois profils sont en étroite corrélation avec le degré d'automatisation de l'activité grapho-motrice.
Dès l'entrée dans le cycle I (i.e. cycle des apprentissages premiers — 3/4 ans, 4/5 ans et 5/6 ans), une large place des apprentissages est consacré au développement du geste grapho-moteur. L'acte graphique est une activité délicate qui met en jeu la motricité globale de l'enfant, la motricité fine et le contrôle visuel des traces produites. Pour ce qui est de la motricité globale, l'enfant doit, en effet, apprendre à contrôler son corps et à immobiliser sa posture et, en ce qui concerne la motricité fine, l'enfant est contraint à un réglage des gestes du bras et de la main.
Au cycle II (i.e. cycle des apprentissages fondamentaux — 5/6 ans, 6/7 ans et 7/8 ans), chaque enfant doit parvenir à maîtriser l'écriture cursive et les maîtres d'école mettent alors l'accent sur l'automatisation de cette activité "de manière à libérer l'esprit pour la gestion de l'orthographe et l'activité de pensée" (Ministère de l'Éducation Nationale et de la Culture, 1992 : 43). Il est à préciser qu'en dépit de ces efforts, les maîtres notent que la charge d'attention requise par l'écriture manuelle reste longtemps élevée.
Au cycle III (i.e. cycle des approfondissements — 8/9 ans, 9/10 ans et 10/11 ans), la capacité d'écriture doit être suffisamment maîtrisée pour qu'elle ne fatigue ni la main, ni l'attention. L'objectif visé est, non plus l'automatisation du tracé, mais sa vitesse et son adaptation à différentes activités (i.e. brouillon vs prise de notes par copie vs lettre vs devoir vs document de travail, etc.)
À cette difficulté s'ajoute celle qui consiste en l'exploration visuelle de la page, ou, autrement dit, s'ajoute le problème de la coordination oculo-motrice : pour déplacer son regard le long d'une ligne de "déjà écrit", l'enfant du cycle I mobilise une grande partie de son corps tant l'activité oculaire est encore difficile.
Au début du cycle II, l'enfant a toujours besoin de tourner la tête au fur et à mesure qu'il ajoute des symboles graphiques et c'est seulement autour de l'âge de 9/10 ans (i.e. cycle III) que l'enfant limite son activité motrice aux seuls mouvement oculaires.
Ce bref rappel des étapes développementales quant à l'apprentissage du geste grapho-moteur étant fait, on comprend mieux les trois stades identifiables sur le tableau récapitulatif, et on va donc, dès à présent, discuter chacun de ces profils.
Précisons que, pour répondre au principal objectif de cette thèse (i.e. le degré de familiarité influence-t-il la qualité des rappels écrits ?), cette discussion est orientée en fonction de la variable "degré de familiarité".