1.1.2.2. Les acquisitions facilitées par le trait [– connu]

Par rapport au stade précédent, les restitutions recueillies sur la base du récit [– connu] n'étaient pas plus denses que celles obtenues à partir du support [+ connu]. En effet, les rappels du PCR comprenaient tout autant de détails que ceux de DAN et cela signifie que, du moment que les sujets ne sont plus gênés par le coût du tracé graphique, ils ne comptent plus sur les inférences du destinataire : l'aisance graphique acquise leur permet de produire des textes se suffisant à eux-mêmes.

Les verbes continuaient, chez les 9 et les 10 ans, d'être plus nombreux et plus diversifiés en situation de restitution du texte [– connu], mais nous sommes de nouveau prudente quant à l'interprétation de cette observation, les résultats étant proportionnels (i.e. compensation avec les noms).

En revanche, ce travail a donné lieu à une observation non négligeable : les 10 ans ajoutent significativement plus de vocables en situation de restitution du texte [– connu]. Avant l'âge de 10 ans, les enfants n'ajoutent de mots ni dans le PCR, ni dans DAN, alors que les adultes en ajoutent tant dans le PCR que dans DAN. Ce résultat prouve, d'une part, que l'ajout de vocables nécessite une certaine appropriation du contenu à restituer, un certain recul par rapport à l'histoire mais également un certain répertoire lexical personnel et, d'autre part, que le trait [+ connu], que l'on veut facilitateur peut agir comme une contrainte. En effet, il "bloque" les sujets qui se cantonnent à utiliser les mots de l'auteur ou à ne pas restituer le passage si ces mots ne sont pas activés.