8. La SCN XIV : le chasseur entend les ronflements du loup

Le support auditif explique que le loup, repu de ces deux "festins", s'endort et se met à ronfler. Ce sont ces ronflements de l'animal qui éveille la curiosité d'un chasseur qui se trouve alors devant la maison de la grand-mère :

[A.6.45] Texte initial (175)
127. Le chasseur, qui passait devant la maison,
128. l'entendit
129. et pensa :
130. "Qu'a donc la vieille femme
131. à ronfler si fort ?
132. Il faut
133. que tu entres
134. et que tu voies
135. si elle a quelque chose
136. qui ne va pas."
137. Il entra donc

Cet extrait constitue la SCN XIV et, pour la coder, nous avons observé la manière dont les sujets effectuaient le passage de "un chasseur passe devant la maison de la grand-mère" à "un chasseur entre dans la maison de la grand-mère". Certains sujets emploient explicitement le verbe "ronfler" (ex. [A.6.46]) ou le nom "ronflement" (ex. [A.6.47]), formes qui ont considérablement facilité la tâche de codage :

[A.6.46] THO 10G3E1 (95)
67. Le chasseur, qui passait par là
68. se dit :
69. bizarre, grand-mère <r> n'a jamais ronflé aussi fort,
70. elle doit avoir des ennuis.
71. Mais quand le chasseur entra
[A.6.47] OLI 9F7E1 (79)
60. Un chasseur qui entenda les <ren> ronflemant du loup
61. qui dormait
62. entra

Il est toutefois important de noter qu'il n'est pas suffisant que le loup ronfle. Pour être codés 1, les textes devaient spécifier que le chasseur entende le loup ronfler comme c'est le cas dans les deux exemples précédents. Cette précision vient du fait que certains sujets n'établissent pas de relation de cause/conséquence entre ces deux informations :

[A.6.48] MAR 9F4E1 (63)
53. Il s'endorma
54. et ronfla très fort.
55. le chasseur arriva
56. entra

Ici, l'enfant juxtapose des propositions sans qu'aucun lien sémantique ou syntaxique n'apparaisse entre elles. Aussi ne comprend-on pas que "le chasseur entra" soit la conséquence directe de "le loup ronfla fort".

Certains sujets, plus jeunes, privilégient le sens non pas auditif mais visuel du chasseur c'est-à-dire que l'homme n'entend pas mais voit le loup. On peut, en effet, imaginer que l'animal est visible par une des fenêtres de la maison. Quoi qu'il en soit, les textes de ces sujets ayant utilisé le verbe "voir" ont été codé 1 car ce choix n'affecte en rien l'avancement de la trame narrative :

[A.6.49] FAN 7F2E1 (43)
34. Un chasseur passa par la
35. et vi le loup. <il>
36. Il entra

En revanche, il est à préciser que si ce verbe "voir" est placé après le verbe "entrer", nous avons alors codé 0 le passage observé car nous cherchons ici à identifier la raison pour laquelle le chasseur décide d'entrer dans la maison :

[A.6.50] LAU 8G5E1 (35)
27. le chasseur arrive
28. et <et> voi <de> le loups.

De même, ont été codées 0 les productions où le chasseur qui marche devant la maison se demande ce qu'il se passe sans que n'aient été mentionnés les ronflements du loup :

[A.6.51] MAU 8F4E1 (52)
39. Le chasseur se demandait
40. se qui se passe
41. et entre

Ce passage implique que le chasseur ne peut marcher devant la maison de la grand-mère sans se demander ce qu'il se passe : le lien paraît plutôt absurde.