B. – LA DÉLIMITATION DU CHAMP DE LA RECHERCHE. 

Si notre réflexion concerne l’Afrique Noire en général, l’unité géographique de notre recherche est le Cameroun.

Dans ce pays, la période coloniale se divise en deux phases. La première phase s’étend de 1884 à 1916 et coïncide avec la colonisation allemande prenant fin suite à la guerre sévissant dans le pays d’août 1914 à février 1916. Les troupes alliées françaises et britanniques étant parvenu à chasser les colonisateurs allemands, grâce à cette victoire des armes, la France et la Grande-Bretagne vont donc se partager l’ancienne possession allemande. Commence dès lors la seconde phase de la colonisation du Cameroun.

Cette seconde phase de la colonisation du Cameroun couvre les années 1916 à 1960 au cours desquelles, le Cameroun bénéficie d’un statut international de territoire sous mandat (1919-1946 : régime du mandat de la S.D.N. ; 1946 jusqu’à l’indépendance : tutelle des Nations Unies) dont l’administration est confiée à la France. 83 Malgré ce statut du Cameroun, le pays est de facto inclus par la puissance tutélaire dans l’ensemble colonial formé par l’Afrique Équatoriale Française fondé en 1910. 84 Il n’y aura donc pas de distinction de fait, aux yeux du colonisateur, entre les ressortissants du Cameroun et ceux des colonies voisines de la France. 85

Du coup, pour des raisons qui tiennent essentiellement de la commodité du traitement de notre objet, quant à la situation coloniale en particulier et l’application des mesures de réformes du système colonial à l’occasion desquelles les élections sont initialement introduites en Afrique, la dimension pertinente de notre analyse est constituée par l’A.E.F., ensemble colonial à travers lequel sera envisagé l’avènement du vote au Cameroun.

Notes
83.

Pour la partie de notre étude qui concerne la période coloniale, précisons que nous nous intéressons au Cameroun administré par la France ; l’autre partie du pays étant incluse par le colonisateur britannique au Nigeria.

84.

Cf. Servel (André), Étude sur l’organisation administrative et financière de l’Afrique Équatoriale Française, thèse de droit, Paris, Larose, 1912.

85.

Le Cameroun sous mandat britannique, avons-nous dit, est quant à lui, administré durant la période mandataire comme partie intégrante du Nigeria. L’accord de mandat approuvé par le Conseil de la S.D.N. le 20 juillet 1922 reconnaît d’ailleurs ce droit à la Grande-Bretagne d’inclure le Cameroun britannique dans toutes sortes d’Unions avec le Nigeria.