1.- Les données écrites.

Les documents écrits, dont ceux qui rendent compte des données orales, constituent le matériau principal de cette recherche.

En effet, dans une première phase s’inscrivant dans la ligne traditionnelle des méthodes de recherche universitaires, nous nous sommes astreint à une lecture systématique des textes, livres et travaux accessibles qui apportent quelques éclairages sur le phénomène de l’apprentissage de la démocratie et les conceptions sociales qui sous-tendent la pratique électorale en Afrique. À ce premier stade de notre travail, confronté à l’absence d’investigations et surtout au vide de l’historiographie relative aux élections organisées en Afrique Noire, un seul projet, digne de ce nom à notre connaissance, ayant été depuis longtemps consacré à ce terrain depuis les indépendances, 115 il nous a fallu également recourir aux sources journalistiques et archivistiques (cf. la bibliographie).

Pour ce qui concerne en particulier les représentations coloniales du droit, en tant qu’elles participent de la légitimation de la condition juridique des Indigènes, notre recherche s’appuie sur :

  • les débats parlementaires relatifs à l’orientation de la politique indigène ;
  • les textes législatifs et réglementaires qui donnent forme au droit colonial, une attention particulière étant accordée à l’examen des exposés des motifs des dits textes ;
  • les rapports et différents textes d’orientation de la politique indigène émanant de l’Administration coloniale.

Afin de cerner la signification profonde de certaines des dispositions du droit colonial, nous prenons en considération la doctrine juridique et l’exégèse des textes législatifs et réglementaires qui, en tant que discours "sur" le droit, se développent dans le Bulletin du Comité de l’Afrique française – organe d’expression du Comité de l’Afrique française que d’aucuns désignent comme membre influent du Parti colonial qui a régi en coulisses dans l’orientation de la politique coloniale sous la IIIe République française –, et essaient de donner un caractère rationnel à la politique juridique de la colonisation, en la replaçant dans un cadre théorique plus ou moins récurrent, et dans une perspective historique où les considérations purement conjoncturelles laissent la place à un dessein cohérent.

D’une manière générale, le discours colonial ainsi circonscrit montre en première approche que ce dernier procède d’une démarche d’auto-légitimation très prononcée, aussi, les schèmes philosophiques et anthropologiques qui structurent les représentations et perceptions coloniales seront souvent décodées grâce à une lecture "en creux".

Notes
115.

Voir: Bayart (J.-F.), Constantin (F.), Coulon (C.), Martin (D.), Aux urnes l’Afrique ! Élections et Pouvoirs en Afrique noire, Paris, Pedone, 1978, 259 p.