A. – LE VOTE AU SEIN DU SYSTÈME D'ÉCHANGES INTRA-COMMUNAUTAIRE RÉGLÉ PAR LA LOGIQUE DE LA DETTE : LE FONCTIONNEMENT DU PRINCIPE DU "DO UT DAS " 464 EN AFRIQUE.

Sans la distribution de biens privés aux populations dans le cadre des opérations de campagnes électorales, nous l’avons dit, il n'y aurait véritablement pas fête. Se présentant comme l'envers d'une dette à payer par les prestataires, et au même titre que la fête électorale dont elle est constitutive, la distribution de biens privés aux populations participe de la mécanique de production de sens et d'intégration des groupes. En ce sens, la pathologie souvent dénoncée en termes de corruption en Afrique paraît inappropriée.

En recourant d'une part, à l'image du marché afin de souligner l’aspect concurrentiel de la situation, étant donné que cette image ne devrait pas être réservée aux seules activités économiques parce qu’a priori, tous les échanges sociaux peuvent être analysés dans les termes du marché, bien que le marché ne permette pas par ailleurs de définir totalement aucune situation ni aucune relation concrètes, et d'autre part, en recourant à l'approche socio-anthropologique de l'échange sous la forme du don suivi d'un contre-don, cette mécanique accentuée en période électorale, qui tisse sans cesse la solidarité diachronique et synchronique nécessaire à l'intégration des groupes s’éclaire davantage.

Notes
464.

Ce vieux principe que pratiquait les romains signifie : "je te donne afin que tu me donnes ".