C. – DE L'AMBIVALENCE DE CE PROCESSUS DE VIOLENCE À LA QUESTION DU SENS DU COLLECTIF.

Au terme du processus de violence en effet, nombre d’analystes sociaux situent généralement le collectif., et postulent que les conflits, qui semblent vouer les sociétés à l’émiettement ou à l’anarchie, participent au contraire à la reproduction sociale et au renforcement de la cohésion sociale ; qu’ils permettent de maintenir le lien social, en servant d’expression canalisée aux tensions internes (soupape de sécurité), et en mettant en œuvre des procédures ritualisées de leur résolution. Pour le dire autrement, la violence s'inscrirait dans un double mouvement de destruction et de fondation ; elle serait la révélation d'une déstructuration sociale plus ou moins prononcée, et en appellerait à une fondation nouvelle. 824 Si le constat empirique des faits de la réalité camerounaise peut en quelque sorte rendre valable ce postulat, il nous paraît raisonnable d’envisager par ailleurs, toujours à partir de la même réalité camerounaise, que la violence, fut-elle parlée, peut encore mener à la désagrégation plutôt qu’à la reproduction sociale.

Notes
824.

Ces analystes sociaux soulignent qu'il y a de l'utilitaire dans la violence et reconnaissent que la sociologie en est une mise en perspective à partir de la notion de discontinuité : Cf. Barel (Yves) , La Reproduction sociale, Paris, Anthropos, p. 283. Cet ouvrage analyse pour le rôle et l'efficacité de ce qu'on peut appeler globalement le dysfonctionnement social.