Revenons quelque peu en arrière : en restituant précédemment le processus de l'introduction du vote au Cameroun, nous avons montré comment, au plan de l'idéologie, le colonisé est placé par l'Administration coloniale au centre d'une opération de "racisation" dont le but est de lui dissimuler la réalité de sa domination (cf. supra, chap.1, 1 ère partie).
À cela s’ajoute que l'Administration coloniale produit des" signifiants ethniques" substantialisés qui donnent finalement un regain d’existence aux identités ethniques ; et cette politique se fondant sur le principe romain "Divide ut imperes" 842 s’accompagne au plan politique de l’exclusion des nationalistes qui, éprouvant un sentiment de frustration de ne pouvoir participer régulièrement à la compétition électorale alors qu’ils n’aspiraient qu’à le faire, vont recourir au dernier moyen leur restant apparemment pour se faire entendre, et ce sera la première apparition de la violence se rapportant au fait électoral au Cameroun. Depuis lors, pendant que le fait ethnique initié par le colonisateur, va se diffuser au sein même du dispositif étatique et administratif, l’exercice de cette violence politique va en quelque sorte toujours rentrer de son côté dans le schéma d’une reproduction de l’affrontement entre nationalisme et colonialisme au Cameroun.
"Diviser pour mieux régner ”