A. – LA POLITIQUE DES "OPPOSITIONS AFRICAINES". 

C’est donc en flattant les particularismes indigènes, 843 en regroupant les populations tout en les désignant par des catégories communes pour mieux les contrôler, 844 que le colonisateur va délibérément provoquer la cristallisation de phénomènes simplement sociaux en phénomènes ethniques. 845

Conduite par l'Administration coloniale, cette action du colonisateur est dirigée en même temps vers les structures sociales d'organisation des indigènes ainsi que vers le champ politique local.

Notes
843.

Gonidec (P.-F.) , "Les institutions politiques de la République Fédérale du Cameroun", in Civilisations, Vol. XI, n° 4 (1961), p. 384.

844.

Amselle (J.-L.) , "Ethnies et espaces", in Au Cœur de l'Ethnie, Paris, La Découverte, 1985, p. 38. Voici également les remarques d'Yves Person qui note que dans de nombreux cas, le seuil de la conscience collective ne fut franchi "qu'à la suite de la colonisation obligeant les groupes à se définir par rapport à d'autres dans un ensemble plus vaste", "L'État-nation et l'Afrique", in "État et Société en Afrique Noire", Revue française d'histoire et d'Outre-mer, 1981, p. 278.

845.

Dozen (J.-P. ) ; "Les Bété : une création coloniale", in Au cœur de l'Ethnie, op. cit., pp. 49-85 ; Voir de façon plus générale, les abondants développements de Lanciné Sylla sur cette question, in Tribalisme et Parti Unique en Afrique Noire. Esquisse d'une théorie générale de l'intégration nationale, Paris, P.F.N.S.P., 1977.