A. – LE RECOURS À LA PANOPLIE NATIONALISTE DE LUTTE ANTICOLONIALE : LA RECOMPOSITION DU PASSÉ, MODUS OPERANDI.

En examinant le mouvement des revendications des assises d'une conférence dite nationale et souveraine au Cameroun, nous avons souligné le caractère non démocratique de cette entreprise en tant que ce mouvement, observé par le "haut", constituait une figure de la violence politique illustrant une tentative de conquête du pouvoir politique par contournement du processus électoral et la mise en majesté de la violence. Cette analyse ne sera complète que si nous soulignons, toujours en partant des faits observables, que la coordination (ou le cerveau) de ce mouvement agissait de telle sorte que son action puisse s’inscrire dans le prolongement des actes de violence commis par les nationalistes luttant contre le colonialisme au Cameroun.

En effet, face aux abus de la politique coloniale destinés à empêcher toute représentation politique des nationalistes, à leur tour ces derniers vont, vis à vis de l'élection, avoir deux types d'attitudes qui sont de toutes manières conflictuelles : la participation aux élections mais systématiquement suivie des dénonciations d'irrégularité ; la non-participation aux élections systématiquement accompagnée de menaces de violence, et comme un sacrilège, le premier passage à l'acte en décembre 1956 comme nous venons de voir.

Ainsi donc, mis à part la période du parti unique, consubstantielle à la pratique d’un vote sous contrainte ou à celle d’un suffrage des électeurs" favorable" à 99%, le reste de l'histoire des élections, depuis l'introduction du vote au Cameroun en 1945, se retrouve marquée par l’absence de consensus véritable autour du vote, par des appels récurrents à son boycottage ou à l’adoption de ces deux sortes de comportements qui, qu’elle que fut leur accueil dans le public, de la même façon que la corruption des opérations électorales organisée par les fonctionnaires coloniaux, débouchent mutatis mutandis sur la déconsidération du fait électoral par irrespect et désintérêt qu'ils traduisent pour la compétition démocratique.