C. – ENTRE QUALIFICATION PÉJORATIVE ET INSTRUMENTALISATION CONSERVATRICE : LA DÉTERMINATION ESSENTIELLE DU VOTE AU CAMEROUN.

Dans cette restitution du processus de l'appropriation du vote au Cameroun, tout au long des pages qui précèdent, nous avons déjà eu à souligner le discrédit frappant cette institution suite aux manipulations coloniales, et notamment la corruption des opérations électorales organisée par les agents de la colonisation. Historiquement, le vote sera ensuite, comme on l’a vu, l'objet d'une construction dévalorisante par menace et usage de la violence dans le cadre d'un régime présidentiel de parti unique empruntant le chemin frayé par le colonisateur.

Mais l'approche du vote développée par les acteurs politiques autres que les détenteurs du pouvoir, qu’il soit colonial ou post-colonial, participe également de ce manque de déférence respectueuse à l'égard de l’acte électoral, au travers des comportements caractéristiques de ce mépris tels la participation aux élections mais toujours accompagnées de dénonciations systématiques d'irrégularités, des appels répétés au boycottage comme on l’a vu et, enfin la qualification péjorative du vote, en tant qu’il ne constitue qu’un geste de caractère "tribal".

Or, sur la base des faits objectivement appréhendés, il ressort que si le vote du citoyen est en partie fondé sur le fait de l’appartenance à une même communauté d’origine, cela ne signifie en rien qu’il soit un acte de caractère "tribal".