3.3. Les pratiques monétaires et financières : entre mode de gestion de l’incertitude et mode d’expression de l’appartenance sociale

La dimension sexuée des pratiques monétaires et financières ne doit pas masquer leur dimension fonctionnelle, ainsi que les autres formes d’appartenance sociale qu’elles recouvrent. Les pratiques doivent être comprises à la fois comme un mode de gestion de l’incertitude et comme un mode d’expression de l’appartenance sociale, celle-ci étant plus large que la simple appartenance de sexe. C’est l’objet de la troisième partie, qui se focalise sur les pratiques monétaires et financières proprement dites. Que l’on soit au Sud (chapitre 7) ou au Nord (chapitre 8), la grille d’analyse reste la même. L’objet d’étude prend ici toute sa pertinence : à travers l’analyse des pratiques monétaires et financières, ce sont bien les trajectoires dans toute leur globalité et toute leur complexité que l’on perçoit. L’analyse des pratiques révèle les stratégies déployées pour stabiliser l’incertain ; elle révèle également les rapports à soi, à autrui et au groupe social dans son entier. L’ambivalence des liens financiers est aussi mise en évidence. Qu’il s’agisse de la protection communautaire (Sud) ou de la protection sociale (Nord), les femmes doivent leur survie à des liens de solidarité financière : filets de survie, ces liens n’en sont pas moins source de dépendance et de sujétion. Tout dépend des obligations que ces liens sous-tendent, et la manière dont elles sont vécues et interprétées par les femmes.