3.4. Penser l’autonomie en termes de médiation.

Comprendre le vécu de la précarité au travers des pratiques monétaires et financières nous autorise à penser des moyens de lutte contre cette précarité. Cette lutte passe nécessairement par la promotion de l’autonomie. C’est l’objet de la quatrième et dernière partie. La lutte contre la précarité est généralement pensée de manière contractuelle au Nord et de manière communautaire au Sud. Au Nord, ce sont ainsi les minima sociaux, accordés à titre personnel. Au Sud, l’indépendance financière des femmes est pensée en termes d’accès au crédit. La microfinance apparaît de plus en plus comme un outil d’émancipation et de promotion de la condition féminine. L’accès au crédit est donc en voie de devenir un véritable droit, mais un droit qui est le plus souvent collectif puisqu’il s’adresse en très grande majorité à des groupes de femmes. On montre que dans les deux cas, une articulation entre l’individuel et le collectif (au sens d'un groupe de pairs) est indispensable. Les minima sociaux n’autorisent l’accès à une certaine dignité et maîtrise de soi que s’ils s’accompagnent d’un sentiment d’appartenance à un groupe social (chapitre 9). Dans la même optique, la microfinance sur une base collective ne favorise l’autonomie que si les intérêts personnels sont également pris en compte (chapitre 10). Une grille de lecture en termes de justice de proximité et de médiation permet de déchiffrer et de saisir les mécanismes à l’oeuvre ; elle permet également de se prononcer sur leurs limites.