Section 1. pragmatisme et pluralisme

Notre réflexion porte sur les femmes en situation de précarité. Ce thème d’étude soulève d’emblée une question centrale : est-ce possible de « mesurer » cette précarité ? Existe-t-il des critères objectifs permettant de définir de manière précise un état de précarité et un état de non précarité ? Existe-t-il des critères objectifs permettant de prescrire le passage de l’un à l’autre ? L’économie du bien-être, fidèle au positivisme logique, répondrait par l’affirmative (§1). Si elle s’est imposée avec vigueur jusqu’à une période récente, force est de constater aujourd’hui l’épuisement de ce paradigme et son incapacité à affronter de manière opérationnelle les problèmes économiques et sociaux actuels. Sans entrer dans le détail de cette évolution, en préciser les grandes lignes nous a semblé nécessaire pour mesurer le pas franchi. C’est une toute autre manière de concevoir le rôle de la théorie et de la connaissance qui est en jeu. Le renouveau de la philosophie pragmatiste (§2) et l’émergence de conceptions alternatives du juste (§3) sonnent le glas des critères parétien et utilitariste et obligent à une reformulation de la problématique du choix social.