A. La science comme outil de compréhension et de résolution de problème

La position positiviste restreint le domaine de l’épistémologie à la méthodologie de la science. Prenant le contre-pied de cette conception objective et universaliste de la connaissance - il n’y a de connaissance que scientifique et exempte de tout jugement de valeur - a philosophie pragmatique

‘« ne cherche plus à énoncer les conditions a priori de la connaissance, mais les conditions de tout processus de recherche à travers l’auto-réflexion qu’opère le sujet connaissant sur sa pratique » [Dufourt, 1993].’

L’objectif même de la science est repensé et reformulé : il ne s’agit plus d’un outil de prédiction, mais d’un outil de compréhension et de « résolution de problèmes » [Bazzoli, 1994, p. 151]. L’économie doit être réhabilitée comme une science pleinement normative qui reconnaît ses implications pratiques. Est recherchée la pertinence et non la rigueur logique, la science apparaissant ainsi comme un « outil de contrôle ». Ce qui importe, ce sont les conséquences pratiques de la théorie : la théorie doit être orientée par les problèmes et doit avoir une fonction critique [Bazzoli, 1994, p. 181]. À une conception de la science économique comme science des choix, de l’efficience et de l’allocation des ressources, se substitue alors une conception de la science économique comme science des comportements, de la valeur, de la création des ressources et se préoccupant de bien-être individuel et collectif. Dans cette optique, le rôle de la recherche consiste autant à renouveler les approches théoriques qu’à être attentif aux pratiques économiques innovantes et annonciatrices de transformations sociales [Lévesque et Mendell, 1999]. Le savoir économique

‘« doit relever le double défi de s’inscrire au coeur des pratiques sociales tout en cherchant à théoriser les signes des mouvements qui l’affectent » [Prades, 1999, p. 13]. ’

Repenser ainsi les fondements de la science implique un tout autre rapport à la réalité et à la connaissance, et donc à l’objet économique.