B. La précarité comme incapacité à faire valoir ses droits

Un autre résultat majeur de la recherche de Sen consiste à dire que la précarité dépend des capacités des personnes à exercer leurs droits. Il montre que les famines et disettes sont moins liées à l’insuffisante disponibilité de l’offre (explication de type malthusien) qu’à une insuffisance de droits. La famine s’expliquerait alors par des rapports sociaux de production et de répartition des droits avant d’être un problème de rareté.

‘« On a pu montrer que ces famines résultaient d’une perte de droits provenant d’une réduction des ressources (par exemple, aliénation des terres ou pertes de droits de pacage) ou d’une diminution des droits à l’échange (par exemple, perte d’emploi, décalage entre le prix des produits animaux ou des produits et services de l’artisanat et le prix des denrées alimentaires), ou les deux à la fois » [Sen, 1993a, p. 257]. ’

Il propose alors une analyse en termes de capacité de demande. Cette capacité de demande dépend de l’accès aux ressources ; elle est fonction des « dotations » (endowments) et des « droits à l’échange » (entitlements). Chacun dispose donc d’une carte à l’échange (exchange entitlement map) qui lui donne un certain nombre de droits. Cette carte est l’ensemble de tous les états alternatifs de biens qu’une personne peut obtenir en échange de ce qu’elle possède.

Qu’entend-il par droits à l’échange ?