Section 1. La dimension sexuée de la monnaie : premiers jalons

S’interroger sur la dimension sexuée de la monnaie est, à notre connaissance, plutôt inédit. En revanche, il existe une multiplicité de travaux qui ont abordé la question, de manière plus ou moins directe, plus ou moins explicite, plus ou moins approfondie. Trois thématiques permettent de poser les premiers jalons de la recherche. Tout d’abord, prendre conscience de la diversité des modes de gestion familiaux est un préalable incontournable. Pénétrer l’espace familial afin de saisir les responsabilités monétaires et financières féminines et masculines offre un éclairage sur l’accès des femmes à la monnaie et leur contrôle vis à vis de celle-ci (§1). Se pose ensuite la question de l’usage des revenus, à laquelle plusieurs travaux, d’origine diverse, se sont consacrés, montrant que les revenus féminins ont tendance à être destinés davantage à des usages collectifs (§2). Est-ce une question de préférences ou de contraintes ? Se pose enfin la question du lien entre revenu et autonomie (§3). La monnaie est-elle un instrument de pouvoir, un espoir d’émancipation féminine, ou bien se dissout-elle au contraire de par la prégnance des normes sexuées ? Ces deux questions essentielles, sur lesquelles nous reviendrons encore ultérieurement, méritent d’être éclaircies par une réflexion sur la monnaie.