La notion de « famille » renvoie à une pluralité de réalités souvent mal définies. Elle fait référence tout d’abord à une réalité sociale : le terme de parenté désigne un ensemble aux contours fluctuants composé de personnes apparentées, soit par des liens de consanguinité, soit par les liens du mariage. Elle fait référence ensuite à une réalité spatiale : le terme de « groupe domestique » ou de « foyer » définit l’ensemble des personnes partageant le même espace de vie (unité résidentielle) et peut comprendre des personnes non apparentées (domestiques, apprentis, amis, etc.). Elle fait référence enfin à une réalité économique : le terme de « ménage » comprend les unités dont la fonction principale est la consommation et, éventuellement la production dans le cadre d’une activité agricole ou d’une entreprise individuelle41. Dans la littérature économique, il a longtemps été d’usage de considérer que ces trois fonctions (sociale, spatiale et économique) recouvraient une réalité commune : celle de la famille dite « conjugale » ou « nucléaire », c’est-à-dire une unité composée des parents et des enfants non mariés.
Cet amalgame est aujourd’hui très largement dépassé désignant une réalité qui n’est que conventionnelle et qui n’a rien d’universel. Sous l’influence de l’anthropologie économique, le savoir économique accepte désormais de reconnaître une multiplicité de formes familiales possibles et d’admettre que les réalités sociale, spatiale et économique ne se recoupent pas nécessairement [Dubois et Gastellu, 1997]. Dans la suite de la réflexion, le terme de « famille » sera employé pour désigner une réalité économique : celle de l’usage des ressources, sans que les réalités sociale et spatiale, auxquelles elle renvoie, soient fixées. Selon les situations, il s’agira d’une famille dite « conjugale » (parents, mariés ou non, et enfants), ou d’une famille dite « monoparentale » (le plus souvent une femme seule avec ses enfants, on parlera de « mère de famille monoparentale »), ou encore d’une famille dite « recomposée » (constituée de couples, mariés ou non, dont l’un des deux membres - ou les deux - a eu des enfants d’une première union). Ce sera également un groupe restreint, au sein d’un groupe plus large, dont les membres partagent le même espace tout en ayant des responsabilités financières indépendantes ; c’est souvent le cas des co-épouses et de leurs enfants au sein de mariages polygames résidentiels. Ce sera enfin une mère qui habite seule avec ses enfants, sans pour autant que le père soit absent financièrement : père versant une pension alimentaire, père ayant migré en ville ou mariage polygame non résidentiel (situation fréquente dans les villes d’Afrique de l’Ouest).
Dans la nomenclature de la comptabilité nationale, on distingue les ménages « ordinaires », c’est-à-dire un ensemble de personnes vivant dans un logement séparé ou indépendant, et les ménages « collectifs » (maisons de retraite, cités universitaires, foyers de travailleurs, etc.) [Archambault, 1988].