Section 3. monnaie, dette et finance

Remettre en cause la dimension purement instrumentale du fait monétaire n’est pas nouveau. L’histoire de la discipline économique est jalonnée d’une succession d’approches alternatives, hétérodoxes, visant à exprimer la complexité de la monnaie et à lui accorder un statut à part entière. En aucun cas il ne s’agit de toutes les énoncer. Notre visée est beaucoup plus modeste : il s’agit simplement d’évoquer les éléments susceptibles de rendre plus intelligibles les pratiques monétaires et financières des femmes en situation de précarité.

En premier lieu, examiner les origines de la monnaie est nécessaire, afin de rompre définitivement avec « la fable du troc ». Ce détour permet de mettre en exergue que la monnaie n’est qu’une partie de la finance : dès lors, les pratiques monétaires sont indissociables de l’ensemble des pratiques financières dans lesquelles chacun est impliqué (§1). On est alors conduit à s’interroger sur les différentes formes de liens financiers - redistribution, réciprocité et échange marchand -, à souligner la construction sociale des sphères marchande et monétaire, et à en déduire que la monnaie est une institution sociale (§2).