§3. La monnaie comme mode d’expression de l’appartenance sociale

Selon notre seconde hypothèse, les pratiques monétaires doivent être comprises comme un mode d’expression de l’appartenance sociale. C’est ici qu’une compréhension dynamique des pratiques doit se substituer à une approche statique : les pratiques doivent être resituées sur l’échelle du temps, et interprétées au travers du lien créancier / débiteur sur lequel elles reposent, en faisant l’hypothèse que l’usage de la monnaie ne permet pas nécessairement de mettre fin aux relations de droits et d’obligations sur lesquelles elle est venue se greffer. Le mode d’appartenance, tel que nous l’avons défini au chapitre précédent, représente l’ensemble des droits et des obligations dans lequel chacun est impliqué, et plus encore, la manière dont ces droits et ces obligations sont vécus et interprétés par les personnes (ce que Sen appelle les prétentions légitimes).

L’ensemble des droits et des obligations renferme une triple dimension : verticale, horizontale et sexuée, la dimension sexuée étant une déclinaison des deux premières que nous précisons ici. Ce sera l’objet de la suite de la réflexion de montrer comment se manifeste la dimension sexuée. L’autonomie étant elle-même le produit de cet enchevêtrement de droits et d’obligations, nous en déduisons que la monnaie exprime aussi un rapport à soi et à la conscience de soi.