§2. Contraintes et atouts de la commande sociale

Ce mode de collecte des données dans un cadre de commande sociale est ambivalent. La marge de manoeuvre du chercheur est limitée : il est nécessairement contraint par les termes de référence de l’étude, le délai accordé, ainsi que les moyens mis à sa disposition¹⁰¹. En même temps, il est soumis à une exigence de résultat. Il ne peut se perdre dans les méandres de l’abstraction et de la spéculation intellectuelle : la réflexion est directement orientée vers la résolution de problèmes concrets.

Concernant la face négative, tout dépend de l’attente des commanditaires et de la qualité des relations engagées avec eux. Ici en l’occurrence, chaque étude s’est révélée plus proche d’une recherche appliquée que d’un travail de consultation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle une équipe universitaire était sollicitée. Du reste, il n’y a pas eu réellement de « commande » mais une élaboration conjointe des termes de référence, permettant aux deux parties de poursuivre un objectif commun. D’où des délais suffisamment longs pour permettre un réel travail de fond. D’où également des moyens conséquents, notamment en termes de mise en contact avec les informateurs clefs. La qualité des entretiens dépend étroitement de la capacité de l’enquêteur à nouer des relations de confiance avec les personnes enquêtées. Or cette confiance était acquise quasiment d’emblée grâce à un travail préalable de sensibilisation de la part des commanditaires.

C’est donc surtout la face positive qui a joué ici. Chaque étude a été conduite sous l’égide d’un comité de pilotage, composé à la fois de chercheurs et de professionnels de terrain. Ce comité était chargé de valider tant les choix méthodologiques de départ, que les résultats obtenus à des stades successifs de la recherche. Cette confrontation régulière des résultats à un auditoire averti fut un premier gage de leur validité.