A. Mode de recueil des données : enregistrement et mode analyse

Comment lors des entretiens recueillir les récits ? Enregistrer le récit est le matériau le plus riche. La prise de notes, même la plus exhaustive possible, comporte déjà en soi une sélection. L’enquêteur est forcément amené à se focaliser sur ce qu’il lui semble déjà essentiel, laissant ainsi passer des éléments qui a posteriori pourraient se révéler pertinents. Mais l’enregistrement n’offre cette richesse qu’à une seule condition : préserver la spontanéité des échanges. C’est la raison pour laquelle les entretiens n’ont pas été enregistrés au Sénégal. D’une part, la moitié des entretiens se sont déroulés en langue locale, ce qui excluait d’emblée cette possibilité. D’autre part, l’enregistrement n’aurait fait qu’alourdir la dimension parfois très formelle des entretiens. Tout a été fait pour maximiser la spontanéité, et nous nous sommes limités à une prise de note exhaustive.

En revanche, tous les entretiens effectués en France ont été enregistrés, à quelques exceptions près. Soit lorsque les conditions de l’entretien rendaient l’enregistrement difficile (notamment du fait du bruit), soit lorsque les femmes le refusaient, ce qui est arrivé à quelques reprises. Lorsque les entretiens sont enregistrés, deux modes de lecture sont possibles [Kaufmann, 1996]. Soit la retranscription est intégrale, le travail d’interprétation se fait ensuite sur le texte. Soit l’interprétation se fait à partir de l’oral, en réécoutant les bandes magnétiques autant que nécessaire. Les deux méthodes se pratiquent, c’est la seconde que nous avons choisie. Elle nous a semblée plus riche et plus vivante car elle permet un accès plus direct aux émotions. Chaque réécoute est l’occasion de se replonger dans l’entretien, de saisir les rythmes, les intonations, les silences.