Section 1. Les sciences sociales face à l’altruisme féminin

Considérer les préférences féminines comme données, à l’instar de la position néoclassique, n’est pas tenable dans la perspective qui est la nôtre puisque celle-ci ne fait que légitimer un statu quo (§1). Les approches féministes sont traversées par un débat récurrent opposant les tenants de l’universalisme et ceux de l’essentialisme (§2). Réduire les préférences féminines à un rapport de force entre les deux sexes, selon les approches féministes qualifiées d’universalistes, traduit une partie de la réalité mais reste aveugle aux capacités de réaction et de résistance des femmes. Inversement, les assimiler à une « nature » féminine, selon les approches féministes dites essentialistes, masque le poids des normes et des cadres d’action collective. La démarche d’Amartya Sen, en termes de conflit coopératif, de métapréférences et de préférences adaptatives, se présente comme un cadre analytique à la fois plus réaliste et plus opérationnel (§3).