§2. Les approches féministes : entre universalisme et différentialisme

Les approches féministes en sciences sociales recouvrent des positions très variées, tant dans leurs prémisses que dans leurs conclusions, à tel point que l’on peut se demander si parler d’« approche féministe » a réellement un sens. Au-delà des multiples divergences, elles partagent toutefois une aspiration commune : l’élimination de la subordination féminine, et elles affichent explicitement cette visée normative. En outre, malgré les nombreux rebondissements qui ont traversé et animé les débats, une ligne de partage relativement marquée est identifiable : d’un côté les tenants de « l’universalisme », et de l’autre les tenants de la « différence »129. Cet axe de clivage en appelle d’autres : approches « sur-féminisées » versus approches « sous-féminisées » [Fraser, 1989], approches « androcentriques » versus approches « gynocentriques » [Moller-Okin, 1989] ou encore « populisme » versus « misérabilisme » [de Singly, 1995].

Notes
129.

Pour un historique de l’évolution des débats féministes et de la difficulté à dépasser l’opposition différentialisme / universalisme, voir par exemple N. Fraser [1997] à propos du féminisme anglosaxon et Ephesia [1995, p. 328 sq.] à propos du féminisme français et de sa position à l’égard du féminisme anglosaxon.