§1. Les obligations communautaires comme conventions

Dans les sociétés du Nord, la séparation du sacré et du profane, puis de l’économique et du politique, ont entraîné une évolution radicale des obligations et des modes de paiement de ces obligations. Nous avons décrit ce processus dans le chapitre précédent en employant le langage des cités. Les deux derniers siècles ont été marqués par un effort continu et assidu visant à dissocier cités civique et marchande de la cité domestique. Au total, l’avènement des États de droit, l’institutionnalisation de systèmes de protection sociale et enfin la généralisation du salariat ont rendu possible l’affranchissement des liens de subordination personnels [Thérêt, 1995]. Dans les sociétés du Sud, cet affranchissement n’a pas eu lieu. Au Sénégal particulièrement, l’absence de différenciation entre le juridique, le politique, l’économique, le religieux et le communautaire permet de douter de l’existence d’une société civile [Baumann, 1999a]. Si la force du contrôle social assure la prégnance des liens communautaires (A), il existe bel et bien des marges de manoeuvre, aussi ténues soient-elles (B).