En 1997, 3,3 millions de personnes percevaient des minima sociaux, ce qui représente un ménage sur sept. Depuis les années soixante-dix, date à laquelle il n’y avait qu’un seul type de minimum social (le minimum vieillesse), on estime que le nombre de bénéficiaires a augmenté de 43%. Certes, les dispositifs se sont multipliés - on en compte aujourd’hui huit (voir le tableau ci-dessous) -, mais l’effort global consenti par l’État n’a pas réellement augmenté. Les dépenses publiques consacrées aux minima sociaux représentaient 0,7% du PIB en 1979, 1% en 1982 et depuis cette date, cette proportion est restée stable [Conseil supérieur de l’emploi, des revenus et des coûts, 1997]. En fait, c’est surtout le pouvoir d’achat des assistés sociaux qui s’est dégradé. Aujourd’hui, la plupart des allocataires de minima sociaux vivent en dessous du seuil de pauvreté, évalué en 1998 à 3 200 FF mensuel.
Parmi les autres personnes vivant en dessous du minimum de pauvreté, il convient également de citer les chômeurs non indemnisés ou mal indemnisés. Entre 1988 et 1992, la proportion de chômeurs indemnisés a connu une certaine augmentation (de 58,6% à 62,4%). En revanche depuis cette date, les conditions d’indemnisations étant de plus en plus sélectives, elle n’a cessé de décroître : les chômeurs indemnisés n’étaient plus que 53,6% fin 1995 et 53,4% fin 1996 [Conseil supérieur de l’emploi, des revenus et des coûts, 1997, p. 48]307. Les femmes ont été les premières à subir le rétrécissement du mode d’indemnisation puisqu’on compte 57% de femmes parmi les « non indemnisés »308. Précisons également qu’en 1996, parmi les 2,2 millions de chômeurs indemnisés au titre du régime d’assurance chômage, 82% des indemnisés bénéficiaient de moins de 5 000 francs par mois et seulement 7,4% de plus de 7 000 francs par mois309.
Nom du dispositif et date de création | Montant (31 déc. 1996)310 | Population cible / critères | nombre (31 déc. 1997)311 |
Revenu Minimum d’Insertion (RMI) (1988) |
2131 FF / personne 3061 FF / couple 728 FF pour le premier enfant |
Etre âgé de plus de 25 ans ou avoir un ou plusieurs enfants à charge et ayant des ressources inférieures au niveau de ce revenu minimum Est versée en contrepartie d’un contrat d’insertion Donne droit à l’aide au logement et à une assurance maladie |
1 025 000 38% de femmes 80% d’isolés |
Minimum Vieillesse | 3047 FF / personne 6227 FF / couple |
Complète les ressources des personnes de plus de 65 ans à faible revenu | 760 000 Environ 70% de femmes 80% d’isolés |
Allocation Adulte Handicapé (AAH) (1975) |
2893 FF à 3471 FF | Personne présentant un handicap spécifique l’empêchant de travailler | 600 000 51,7% de femmes |
Allocation Solidarité Spécifique (ASS) (1984) |
2265 FF complément possible de 969 F pour les chômeurs de plus de 50 ans |
Chômeurs en fin de droit d’assurance chômage inscrits à l’ANPE Chômeurs de plus de 50 ans touchant une allocation dégressive inférieure au montant de l’ASS |
481 000 |
Allocation de parent isolé (API) (1976) |
4127 FF 1054 FF par enfant supplémentaire |
Femme seule enceinte Personne seule élevant un ou plusieurs enfants de moins de trois ans |
160 000 95% de femmes |
Allocation d’insertion (AI)(1984) | 1311 FF | Aide pour certains chômeurs qui ne remplissent pas les conditions de l’allocation chômage | 17 500 |
Allocation Assurance Veuvage (1981) |
3107 FF la 1ère année, dégressive sur 3 ans | Veuves âgées de moins de 55 ans qui ne reçoivent pas de pension de réversion et ont un enfant au moins à charge | 15 000 100% de femmes |
Total | 3 300 000 | ||
Source : INSEE [1999b] |
Qu’il s’agisse du régime d’assurance (allocations chômage) ou du régime d’assistance (minima sociaux), le pouvoir d’achat des personnes sans emploi est en constante diminution. Ce rétrécissement d’un pouvoir d’achat déjà faible est bien sûr une première source de difficulté de gestion. Venons-en à présent aux différentes aptitudes cognitives requises pour équilibrer dépenses et recettes. La première concerne la capacité à anticiper et à prévoir.
Les chiffres sont donnés par l’UNEDIC (Union Nationale Interprofessionnelle pour l’Emploi dans l’industrie et le Commerce).
Les jeunes sont également surexposés (37% des « non indemnisés » ont moins de 25 ans).
Plus précisément encore, plus d’un million de personne (48,02%) percevaient moins de 3 000 FF par mois, 17,94% recevaient entre 3 000 et 4 000 francs et 16% entre 4 000 et 5 000 FF seulement.
Les montants datent de décembre 1996, à l’exception du RMI (1998).
Les chiffres datent de décembre 1996, à l’exception du RMI (1998).