C. Les outils de paiement comme mode de gestion et de restriction

Compte tenu des difficultés de gestion que les nouveaux outils de paiement suscitent, les femmes sont amenées à trouver elles-mêmes les moyens de limiter leurs dépenses et / ou de comptabiliser régulièrement. Les outils de paiement jouent à cet égard un rôle essentiel. Nombreuses sont les femmes qui refusent ceux qui rendent plus difficile la comptabilité. C’est notamment le cas des cartes bancaires qui laissent de faibles traces écrites : elles exigent une comptabilité bien plus contraignante que le chéquier, celui-ci au contraire portant la mémoire des dépenses par le système des souches. Certaines femmes refusent également les moyens de paiement qui les incitent à dépenser : pour les unes, c’est le liquide qui leur « brûle les doigts », alors que pour d’autres au contraire le liquide permet de mieux apprécier les dépenses. Partir avec une certaine somme faire des courses, verser des pièces de monnaie dans un pot à chaque coup de téléphone, utiliser le livret A comme un porte-monnaie, refuser les prélèvements pour s’obliger à vérifier et à faire des économies sont autant de comportements d’auto-incitation possibles.

Notons également que le refus de certains instruments est parfois d’ordre affectif. Pour certaines femmes, il semble insensé de posséder une carte bancaire, instrument qu’elles estiment réservé aux milieux aisés. On fait le même constat concernant le chéquier, et il n’est pas rare que dans certains immeubles, une seule personne en possède un et se charge alors de faire des chèques pour l’ensemble des familles lorsque le paiement en liquide n’est pas possible.

Encadré 6. Les outils de paiement comme mode d’incitation, illustrations