Section 3. le vécu émotionnel de l’assistance

Rappelons le cadre théorique, emprunté à Amartya Sen et dans lequel s’inscrit notre réflexion : chacun agit en fonction de ce qu’il estime être un comportement légitime, lui-même étroitement lié à l’évaluation que chacun fait de ses droits et de ses devoirs. Selon Sen, l’évaluation des droits et des devoirs est un processus largement subjectif : au-delà des droits effectifs dont bénéficient les personnes, chacun se fait sa propre idée de ce à quoi il a droit. Nous allons montrer ici que ce processus d’interprétation conditionne le vécu de l’assistance (§1). Le statut d’assistée, dans la mesure où il va à l’encontre de l’idéal de vie (autonomie et utilité sociale), provoque nécessairement une rupture entre pratiques et représentations. De cette rupture découle différentes formes d’émotions, qui sont partie prenante des processus de décision, et notamment des pratiques monétaires et financières (§2).