C. Conflits et revendications

Les conduites de « revanche » ont tendance à se traduire par des relations conflictuelles et par des revendications permanentes de découverts.

Encadré 10. Relations conflictuelles entre « assistés » et « banquiers ». Illustrations.

• « Le mot riche qu’est-ce que ça veut dire ? Quand ma fille s’est mariée, elle n’avait plus de travail mais malgré cela, elle a gardé son compte en banque, il n’y avait pas d’argent qui rentrait à la banque et au bout d’un certain temps la banque l’a foutue dehors. Parce qu’elle n’avait pas de revenu, uniquement les remboursements de sécu. Maintenant, elle va vivre avec le compte de son mari s'il travaille [...] Les petits comptes ne les intéressent pas. J’ai une preuve formelle de ça [...] ils nous évitent parce qu’on n’est pas des richards, des fois ils ne veulent pas nous recevoir dans leurs bureaux. Il faut avoir une personnalité avec nous, sinon on ne nous reçoit pas. On n’a pas de réserves [...] ils sont là pour prendre de l’argent par l’intermédiaire des assurances et compagnies. Si on veut faire opposition à un chèque il retire 80 francs sur le compte c’est du vol manifeste envers un petit. Les banquiers, c’est comme les assurances, c’est pour moi des voleurs » (M., 50 ans, marié, 5 enfants dont 3 à charge, bénéficiaire du fonds de solidarité, sans diplôme).
  Dans les bureaux de Poste implantés en banlieue, guichetiers, conseillers financiers mais aussi chefs d’établissements sont sollicités en permanence pour accorder des découverts. Certains saisissent l’opportunité pour nouer des relations de confiance. La plupart toutefois se sentent « harcelés » :
  « Ça bouffe le personnel... soit ils nous culpabilisent, soit ils nous bouffent [...] c’est devenu une sorte de jeu ‘j’ai obtenu tant avec untel, tant avec untel’, comment évaluer la bonne foi des personnes ? » (Chef d’établissement en milieu urbain) .
  « Comment faire quand une mère de famille vient pleurer en asseyant ses enfants sur le guichet ? » (Guichetière, milieu urbain « difficile »).
  « Ils confondent la Poste avec l’assistante sociale... ils savent qu’ils sont interdits bancaires, qu’ils touchent les Assedic le 10, ils viennent demander de l’argent le 5 du mois, c’est très classique, soit au guichetier, soit au conseiller financier, ils vont taper tantôt l’un tantôt l’autre, on essaye de limiter au cas exceptionnel, certains n’hésitent pas à venir toutes les semaines » (Conseiller financier en zone urbaine « difficile »).
  
  Source : Enquêtes Guérin [1998c, 1998d]