A. Les grandes commerçantes : incitation à l’épargne, opportunité de spéculation et investissement social

En milieu rural, la plupart des grandes commerçantes jugent les montants trop faibles pour une utilisation productive. C’est donc dans cette catégorie que les utilisations « sociales » sont les plus courantes. Ceci ne les empêche pas de rembourser, c’est une question d’honneur. On assiste cependant à un impact non négligeable en termes d’épargne, soit à travers l’achat de petit bétail, soit à travers la participation à une tontine supplémentaire. Pour celles qui décident d’investir, c’est la plupart du temps pour spéculer sur les céréales (les acheter à la récolte et les revendre en période de soudure). Elles remboursent avec d’autres sources de revenus. La marge générée une fois le crédit entièrement remboursé varie entre 6 500 et 9 500 F CFA.

Pour les grandes commerçantes en milieu urbain, l’accès au crédit ne modifie pas fondamentalement leurs stratégies dans la mesure où elles ont déjà largement accès au crédit, même si celui-ci est surtout d’origine informelle. Il s’agit donc simplement d’une opportunité supplémentaire. En revanche, c’est pour elles que le crédit est le plus rentable (généralement la rentabilité mensuelle est supérieure à 50%). C’est aussi pour elles que le crédit est le plus souvent un moyen d’incitation à l’épargne. La majorité d’entre elles estime avoir épargné : pour certaines, il s’agit simplement d’argent mis de côté destiné à être rapidement utilisé, mais pour d’autres c’est de manière durable à travers la participation à une tontine supplémentaire, l’achat de biens durable ou encore l’ouverture d’un compte d’épargne bancaire.