Conclusion générale

Responsables des budgets familiaux, les femmes sont les premières confrontées à la gestion de la précarité. Partant de ce constat, l’objectif de cette thèse est double : comprendre les pratiques monétaires et financières liées à la précarité féminine, afin d’être en mesure de proposer des modes de lutte contre cette précarité.

Cette thèse, nous l’avons précisé d’emblée, est explicitement orientée vers l’action. Ce souci résolument pratique et opérationnel n’exclut pas la théorisation ; il s’agit de mettre la théorie au service de la pratique et de la résolution de problèmes concrets, et c’est ce que nous nous sommes employés à faire tout au long de ce travail. Nous proposons en conclusion de revenir sur les principaux résultats qui s’en dégagent, d’un point de vue à la fois théorique et pratique.

Rappelons brièvement la méthode et le cadre théorique adoptés. L’ensemble de la réflexion est issu d’observations empiriques. Contrairement à une démarche hypothético-déductive, celles-ci ne sont pas venues valider des hypothèses posées au départ ; elles sont parties prenantes de la réflexion et les hypothèses retenues sont le fruit d’un aller-retour permanent entre observation et théorisation. Partant du principe que chaque cas particulier contient en lui une part d’universel, et qu’il est par conséquent possible de dégager des mécanismes généraux à partir d’expériences singulières, nous avons opté pour une analyse en compréhension. Nous avons opté également pour une analyse comparative, et ceci dans une double optique : faire ressortir des mécanismes récurrents (la dimension à la fois sociale et fonctionnelle des pratiques monétaires et financières, leur dimension sexuée, l’ambivalence de tout lien financier) tout en mettant en évidence les processus de construction sociale. L’essentiel des données a été collecté sur deux terrains, l’un au Sud, auprès de femmes sénégalaises de la région de Thiès, l’autre au Nord, auprès de femmes françaises de la région du Nord-Pas-de-Calais et de la région lyonnaise.

Notre réflexion s’est nourrie d’une double filiation théorique, combinant une conception de la précarité en termes de droits et d’obligations empruntée à Amartya Sen, avec une approche anthropologique de la monnaie et de la finance.

Précisons enfin que l’ensemble de notre réflexion a été guidé par un critère normatif, celui de l’autonomie. Face à l’incomplétude de critères objectifs, tels que l’utilité ou les préférences personnelles, les ressources matérielles, le niveau de revenu ou encore l’accès à des droits formels, nous avons choisi d’évaluer la précarité des personnes en termes de liberté de choix et de maîtrise de ses choix.

À l’issue de ce travail, quatre hypothèses principales se dégagent :