B. Les personnes en situation précaire

Parmi les personnes en difficulté, on distingue aussi trois types de réactions :

  1. celles qui manifestent un réel blocage à l’égard de tout ce qui provient de l’extérieur, l’euro en fait partie ;

  2. celles qui ont perdu tout repère, l’euro leur est alors complètement indifférent ;

    Dans les deux cas ce sont des personnes qui sont ne gèrent pas ou du moins peu leur budget. C’est essentiellement avec ce type de personnes en difficulté, que l’on peut qualifier de « déresponsabilisées », que le personnel de la Poste est en contact. Le problème essentiel avec l’euro va être l’absence d’anticipation. On peut aussi penser que ces personnes vont perdre le peu de repères qu’elles ont. Les seuls repères qu’elles utilisent sont des seuils de prix psychologiques : au-delà de 100 francs, 500 francs, 1000 francs selon les personnes et les produits, elles limitent leurs achats. Il en est de même pour les crédits contractés : au-delà de 100, 500 francs par mois, le crédit est considéré comme cher. Comment vont évoluer ces seuils psychologiques avec l’euro ?

  3. celles qui vivent très mal leur situation d’assistée et qui ont complètement perdu confiance en elles-mêmes. La réaction qui prévaut face à l’euro est celle d’un sentiment d’incapacité à utiliser cette nouvelle monnaie : je ne vais pas arriver à convertir, je ne vais pas arriver à faire mes comptes, etc. C’est pour ce type de personnes que l’euro est véritablement source d’inquiétude voire d’angoisse et l’affectif a tendance à bloquer tout raisonnement. Cette inquiétude est quand même justifiée en partie par le fait que cette nouvelle monnaie remet en question l’équilibre fragile que les personnes ont réussi à construire. Elles mettent en place de multiples stratégies de cloisonnement de leurs recettes et de leurs dépenses leur permettant de mieux compter et d’équilibrer leurs comptes. Or cet équilibre est fragile et risque d’être remis en question du fait de changement de repères (voir plus loin). Par ailleurs ce sont des personnes qui ont peu de relations avec la Poste. Même si La Poste est un lieu on « ose » plus qu’ailleurs, on constate déjà que la peur de demander les empêche parfois d’anticiper certains problèmes : par exemple ne pas oser appeler La Poste pour évoquer un problème de découvert. Certaines risquent de ne pas « oser » poser des questions sur l’euro.
    ⇒ rassurer les personnes :

Le tableau ci-dessous récapitule les trois types de réactions :

Tableau 8. Les réactions des personnes en situation précaire face à l’euro
Comment les personnes vivent aujourd’hui leur situation de précarité Relations avec La Poste Risques lors de l’introduction de l’euro
L’angoisse de la gestion Tendance au repli sur soi
peu de relations avec La Poste
Peur de ne pas y arriver
la « honte » de demander
déstabilisation des modes de gestion
Déresponsabilisation « volontaire »
(ne pas gérer comme mode de revanche sur la société »
Relations d’assistanat avec le personnel de La Poste
revendications de découverts
Absence totale d’anticipation
perte du peu de repères qu’ils ont
Déresponsabilisation « involontaire »
perte de tout repères
Relations d’assistanat avec le personnel de La Poste Absence totale d’anticipation
perte du peu de repères qu’ils ont