§5. Pour aller plus loin

Nos compétences se sont vite avérées limitées pour aller plus loin dans la compréhension des mécanismes de conversion et de reconstruction de référentiel qui relèvent en fait de psychologie cognitive. C’est la raison pour laquelle la Mission Recherche de La Poste a sollicité un laboratoire de recherche en psychologie du développement d’Aix-en-Provence pour un éventuel approfondissement au cours du premier semestre 1999. Trois thèmes principaux seraient susceptibles d’être étudiés :

Au-delà des résultats que donneraient ces recherches, quelques points apparaissent essentiels en matière d’accompagnement.

Un apprentissage progressif des montants des revenus apparaît ici indispensable.

Le principe du relevé en double colonne, prévu dès janvier 1999, est déjà un moyen de familiariser progressivement les personnes à cette nouvelle échelle de valeurs. Mais les personnes sont peu sensibles à l’écrit ; il est possible que certaines ne lisent pas la colonne euro, notamment celles dont l’angoisse est telle qu’elle provoque une attitude de rejet et de blocage. Ici encore leur « parler » en euro s’avère nécessaire.

Outre les mère de famille de milieux précaires, les personnes âgées sont particulièrement sensibles à cette reconstruction des prix. Elles vivent avec l’âge une recomposition de la personnalité et ont tendance à se « cristalliser » autour de certaines facettes de l’identité, notamment les prix. Ne faut-il pas sensibiliser le personnel au rôle qu’ils ont pour faire anticiper les personnes ? Pour les convaincre de l’intérêt ne faut-il pas les sensibiliser à ce mode de gestion par équivalence

Comment rendre cette mesure opérationnelle et efficace quand on sait que personne à l’heure actuelle, quels que soient les milieux, les âges, etc. ne lit son solde en euro sur son relevé de compte.

Ne faut-il pas progressivement « obliger » les personnes à regarder le solde en euro, par exemple en mettant en plus gros le montant en euro ?

Favoriser la reconstruction d’un référentiel doit s’appuyer sur des équivalence entre les billets et les objets. C’est un apprentissage du pouvoir d’achat de l’euro qui est nécessaire : pourquoi ne pas faire s’interroger sur ce que l’on peut acheter avec 1, 2, 5, 10 euros, par exemple sous forme de jeu (il faudrait deviner le prix en euros de certains produits). On pourrait aussi imaginer un jeu sur la gestion des budgets en euros favorisant la reconstruction de repères de revenus.

Les propositions opérationnelles restent de toute évidence limitées. Le principal apport de la recherche ici pourrait consister à donner des outils de compréhension des comportements de gestion et des « dialectes monétaires ».

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Figure 27. La destruction d’un savoir-faire en matière de gestion.